Regards philosophiques (275)
► Un peuple définit son avenir en se fixant une Constitution, et cela nous pose la question de la démocratie, est-elle le meilleur des gouvernements ?
Dans un texte attribué à Xénophon, qu’on appelle « la Constitution des Athéniens » on peut lire : « Dans une cité où ce sont les meilleurs qui seuls ont le droit de parler, où ce sont les meilleurs qui donnent leur avis et décident, que se passe t-il ? Les meilleurs cherchent à obtenir – puisque ce sont justement les meilleurs -, des décisions qui soient conformes au bien, à l’intérêt, à l’utilité de la cité.
Or ce qui est bon, ce qui est utile pour la cité, est en même temps, par définition, ce qui est bien, ce qui est utile et avantageux pour les meilleurs de la cité. De sorte que, en incitant la cité à prendre des décisions qui sont utiles pour elle, ils ne font que servir leur propre intérêt, leur intérêt égoïste à eux qui sont les meilleurs.
Or, dans une démocratie, dans une vraie démocratie comme la démocratie athénienne, que se passe t-il ? On a un régime dans lequel ce ne sont pas les meilleurs, mais les plus nombreux qui prennent les décisions. Et que cherchent-ils ? A ne pas se soumettre à quoi que ce soit. Dans une démocratie, les plus nombreux veulent avant tout être libres, n’être pas esclaves, ne pas servir. Ne pas servir quoi ? Ils ne veulent pas servir les intérêts de la cité ni non plus les intérêts des meilleurs. Ils veulent donc, par eux-mêmes, commander. Ils veulent donc chercher ce qui est utile et bon pour eux, puisque commander c’est quoi ? C’est d’être capable de décider et imposer ce qui est le meilleur pour soi-même. Mais puisque ce sont les plus nombreux, ils ne peuvent pas non plus être les meilleurs, puisque les meilleurs sont par définition, les plus rares.
Par conséquent étant les plus nombreux ils ne sont pas les meilleurs, et n’étant pas les meilleurs ils sont les plus mauvais. Ils vont donc rechercher eux qui sont les plus mauvais, ce qui est bon pour qui ? Pour les plus mauvais de la cité. Or, ce qui est mauvais pour ceux qui sont mauvais dans la cité, c’est aussi ce qui est mauvais pour la cité »
De là, on peut en conclure que, dans une cité comme celle-là, il faut bien que la parole soit donnée à tout le monde, aux plus nombreux ; voire, de l’avis de Xénophon, aux plus mauvais !
► Poème d’Hervé : En hommage à « la rebelle » Aung San Suu Kyi
En acrostiche :
La courageuse.
Les obstacles multiples se dressent toujours devant elle,
Alors elle manifeste une qualité morale devant tout événement.
Courageuse jusqu’à subir l’enfermement,
Osant affronter les pervers et leurs sentences non officielles,
Ulcérée par l’injustice à son égard, scandaleuse.
Réagir contre l’opposition, résister, elle est rebelle,
Agressée physiquement, verbalement et violemment,
Gravité – Dignité, sont ses valeurs essentielles,
Emprisonnée pour cause humanitaire incohérente,
Ultime secours est celui d’une aide providentielle
Subsister, surnager, on vous soutient solennellement
En vous attribuant le prix Nobel de la paix à titre exceptionnel.