Hymne à la pêche

Publié le par M. G.

Nous sommes au cœur des PYRENEES, au-dessous de CAUTERETS. Le temps coule lentement à l'image de la rivière fraîche qui dévale les pentes ensoleillées.
Le pêcheur est à sa place dans ce décor. Il fait partie des meubles, au même titre que les sapins ou les rochers.
L'homme bouge à travers ces divers tableaux créés par Dame Nature.
Dans quel cadre le voulez-vous ?
Sur une roche, surplombant une cascade ?
Dans le val, remontant une truite argentée et frétillante ?
Dans un passage accidenté, tout en bas d'un petit ravin bordé d'arbres ?
Suivez cet homme et observez-le dans le mouvement. Elevez votre âme et vous aurez droit à des sensations surprenantes :
L'homme à la ligne est concentré sur les bouillonnements de l'eau à l'affût du moindre signe de vie. Son visage est impassible, son corps immobile ; il n'y a que le fil au bout de la canne qui bouge, entraîné par le courant et signalé par un voyant rouge.
Il est en embuscade, son habit est fondu dans la nature, couleur kaki ; ses chaussettes longues et épaisses sont grises, ses godillots sont adaptés à la marche, sa casquette le prévient d'une insolation insolente.
Lorsqu'il débusque la truite, il la remonte rapidement sur la berge et, d'un geste vif et adroit, la retire de l'hameçon. Il la mesure ; elle est bonne ! Elle peut rejoindre les fougères de la gibecière où elle demeurera fraîche.
Des promeneurs déambulent le long du sentier, l'observent curieusement, comme un extraterrestre. Lui, imperturbable, reste concentré tel un bloc de marbre. Il est sûr de lui, de ses gestes, de sa méthode, de ses proies également.
De temps en temps, il me regarde d'un air ravi lorsqu'il sort une belle Fario et m'offre un splendide sourire, plein de fierté venue de l'enfance.
C'est à cet instant-ci qu'il faut apprécier l'exploit à sa juste mesure. Plus il rit, plus la performance est belle.
Une autre joie est réservée pour le repas lorsque l'ondulante est dans l'assiette, dégageant une saveur peu ordinaire.
Pourquoi ne pêché-je pas ? me demande t-on. Et pourquoi pas ? Puisque le spectacle est là, comme je vous dis.
Je suis un spectateur qui se régale et qui plus tard aura la chance, l'honneur de participer au repas des acteurs et de recueillir leurs impressions sur le vif.
Vive la pêche !

Publié dans quotidiens

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