"Ton mari est formidable !" : Acte 1 - Scène 5
En faisant un bruit considérable sur le seuil de la porte, Igor, bien avant l'heure, rentre et retrouve Florine.
Florine : Quel bruit ! Toi, tu ne passes pas incognito !
Igor : Avant d'entrer, comme tu m'y invites régulièrement, j'ai secoué mes chaussures. Tu ne vas tout de même pas me le reprocher maintenant.
Florine : Heureusement pour moi que le soir tu rentres plus discrètement. Un tel vacarme nocturne me réveillerait chaque nuit !
Igor : Quoique tu en penses j'ai aussi un peu de savoir vivre dans ma besace et toujours beaucoup de respect pour autrui.
Florine : T'ai-je dit le contraire ?
Igor : Pas encore !
Florine : Tu recommences...
Igor : C'est-à-dire ? Qu'ai-je dit ? Qu'ai-je fait ? Ne me suis-je pas mis justement tout à l'heure en quête de boutons de roses pour pouvoir te les offrir ?
Florine : Tu me l'as affirmé et depuis d'ailleurs je me pose des questions.
Igor : Tiens donc !
Florine : Oui, pourquoi cette bonne intention ce matin alors qu'il y a fort belle lurette que tu ne m'y as plus habituée ? Comment dois-je donc interpréter ce geste ?
Igor : Je voulais juste t'apporter un petit brin de fantaisie pour rompre la monotonie ambiante.
Florine : Je t'en remercie puisque proverbialement l'intention vaut l'action.
Igor : Alors... raconte moi... qu'en est-il ressorti de votre discussion sur le bonheur avec l'ami Léon ?
Florine : Oh, à vrai dire, nous n'en avons pas parlé bien longuement. Avons juste évoqué quelques généralités ! Tout un chacun court après... avec plus ou moins de réussite... avec plus ou
moins de succès... avec plus ou moins de bonheur...
Igor : Effectivement, certains le trouvent parfois dans le pré ; d'autres le cherchent au loin, dans l'aventure ; d'autres encore le vivent au pays...
Florine : L'essentiel, me semble-t-il, étant que tout être, à sa guise, y goûte et surtout puisse en profiter le plus longtemps possible.
Igor : Absolument.
Florine : Ce qui n'est jamais acquis.
Igor : Le plus difficile effectivement, et nous le savons tous les deux par expérience, est d'y nager durablement.
Florine : Parce que tout le monde ne sait pas nager !
Igor : Exactement mais je me demande parfois si toutes les personnes sont vraiment à sa recherche ou sont en mesure de l'acclimater...
Florine : Allons, Igor ! Le bonheur, qui le refuserait ?
Igor : Ne connais-tu pas des personnes qui, avec talent de surcroît, s'ajoutent invariablement et comme par plaisir des malheurs à leur vie quotidienne pourtant sans histoires ?
Florine : C'est l'exception qui confirme la règle.