"Ton mari est formidable !" : Acte 2 - Scène 1
Claire arrive chez son amie d'enfance Florine qui lui a demandé expressément de venir la rencontrer.
Florine : Ah ! Claire ! Tu ne peux imaginer la joie que j'éprouve en t'accueillant.
Claire : La réciproque est aussi vraie.
Florine : Entre nous, il ne peut pas en être autrement.
Claire : Pourtant depuis combien de temps ne nous sommes pas vues ? Deux mois ou peut-être même trois ?
Florine : Trois exactement.
Claire : Que le temps passe vite !
Florine : Disons que comme des gamines nous ne savons plus comme par le passé prendre le temps de nous retrouver régulièrement pour nous raconter mutuellement nos petites histoires, nous
faire nos confidences.
Claire : Il faudra reprendre nos habitudes !
Florine : Pour l'heure, laisse-moi d'abord te remercier du fond du coeur d'être venue si rapidement après mon appel téléphonique.
Claire : J'ai compris que tu désirais me voir le plus vite possible.
Florine : Je te l'ai dit, j'avais un besoin absolu de te rencontrer.
Claire : Que ne ferais-je pour toi ?
Florine : Comme moi pour toi... mais il faut que tu saches que toutes ces dernières semaines beaucoup d'eau a coulé sous les ponts.
Claire : Beaucoup ?
Florine : Oui... énormément...
Claire : Et donc de graves risques d'inondation apparaissent ?
Florine : Pour le moins des craintes sérieuses se font jour.
Claire : Sont-elles justifiées, réelles ?
Florine : Assieds-toi... Je vais tranquillement t'exposer tous mes soucis... Vois-tu, je suis de plus en plus obnubilée par l'attitude désarmante d'Igor.
Claire : Qu'entends-tu par là ?
Florine : Son comportement a radicalement changé. Tu ne vas pas me croire, je ne le reconnais plus.
Claire : Tu le regardes peut-être à travers un prisme déformant ?
Florine : Pour aller droit au but, avec Léon, nous sommes convaincus, et chaque jour davantage, qu'il a appris notre aventure sentimentale. Comment ? Par qui ? Mystère !
Claire : Rien de plus logique dans ces conditions que tu vives, toi, dans l'inquiétude.
Florine : C'est normal ?
Claire : Evidemment ! A tout instant, au détour de toute phrase, tu appréhendes qu'il ne te révèle ce que tu supposes qu'il sait.
Florine : C'est certainement cette appréhension qui m'assaille, me mine... nuit et jour.
Claire : La psychologie humaine est ainsi faite... Tout un chacun réagirait de la sorte.
Florine : Nenni !
Claire : Si. La tranquillité et la sérénité de tout esprit libre ou qui n'a rien à se reprocher t'ont momentanément abandonnée. Elles reviendront !
Florine : Oh ! Que je le souhaiterais !
Claire : Elles reviendront, je te l'assure.
Florine : Que j'aimerais que tu dises vrai !
Claire : A ta mine, tout à l'heure, j'ai tout compris.
Florine : A toi, je le sais depuis longtemps, je ne peux rien te cacher... Tu as toujours lu dans mes pensées... tu as toujours tout deviné...
Claire : C'est un peu mon job !
Florine : Et moi, aujourd'hui... comme hier... comme demain... j'ai besoin de te parler, de me confier.
Claire : Je suis à ton écoute... avec l'amitié qui nous guide et guidera toujours.
Florine : Qu'il est bon d'avoir une amie comme toi !
Claire : C'est toujours à l'occasion d'un séisme personnel que nous mesurons la noblesse de ce sentiment incomparable.
Florine : Et c'en est un.
Claire : Quoi ?
Florine : Tremblement de terre.
Claire : Sans larmes !
Florine : Mais d'une grande magnitude semblable à celle qui s'enregistre sur le haut de l'échelle de Richter.
Claire : La lucidité est un atout maître !
Florine : Tes paroles m'apaisent déjà quelque peu, me rassurent.
Claire : Normal ! Actuellement, tu es, du matin au soir comme du soir au matin sous tension.
Florine : C'est cela... je n'y échappe pas.
Claire : D'après toi, Igor sait-il ? Je veux dire, sait-il vraiment ?
Florine : Nous en sommes tous les deux persuadés et lui parle... se comporte... comme si.
Claire : D'accord, mais il ne vous en a pas parlé ouvertement ni à l'un ni à l'autre ?
Florine : Non.
Claire : Ses nombreuses insinuations, ses fréquentes péripéties ne sont quand même pas le fruit du hasard.
Florine : Enfin ! Voilà que tu abondes un peu dans mon sens ! Tu vas comprendre mon état d'esprit.
Claire : Dis-moi franchement si à ce jour tu regrettes ta liaison.
Florine : Oh que non ! Mais alors pas du tout.
Claire : Fort bien.
Florine : Je n'ai qu'un regret : ne pas l'avoir nouée bien avant.
Claire : De mieux en mieux.
Florine : Que veux-tu, Léon, lui, me donne un plaisir indicible que je n'imaginais même pas jusqu'alors.
Claire : Que du bonheur, sexuellement parlant.
Florine : Je ne te le fais pas dire.
Claire : C'est une excellente chose.
Florine : Ah bon !
Claire : Et oui... si nécessité oblige, cela décuplera tes forces de riposte.
Florine : Il m'en faudra.
Claire : Mais je suis certaine que d'une façon ou d'une autre tu sauras faire face à toute éventualité... quelle qu'elle soit, d'où qu'elle vienne !
Florine : Ne présumes-tu pas un peu de ma combativité, de mon courage ?
Claire : Non.
Florine : Une attaque frontale ne me laissera-t-elle pas plutôt sans réaction ?
Claire : Toute victoire se gagne ! Et seuls, les battants l'emportent !
Florine : Quel optimisme ! J'en oublierai presque le fond de mes problèmes.
Claire : C'est ce que dorénavant tu aurais avantage à faire.
Florine : Que me demandes-tu là ?
Claire : Impossible n'est pas français.
Florine : Entends-tu ce bruit ? ... Mon mari...