Retour vers mon enfance (4)

Publié le par B. B.

Le temps des cagouilles.

Après le dîner, quand l'orage s'était éloigné, avec mes frères, nous enfilions un capuchon et des bottes en caoutchouc. A la main, nous tenions chacun un panier en noisetier tressé fermé par un couvercle, et une lampe électrique. Nous partions pour un grand safari. Nous étions des aventuriers prêts à affronter les ténèbres pour emplir notre panier de «  petits gris ».

 Pour nous donner du courage lors de la traversée du petit bois peuplé de dangereuses bêtes sans doute tapies derrière les troncs d'arbre, nous chantions à tue-tête :

« Il pleut, il mouille, c'est la fête à la grenouille !!!

Il pleut, il mouille, c'est la fête à la cagouille !!! »

Dans les champs du haut cernés de murets de pierres sèches, nous commencions la traque. A la lueur des torches, nous surprenions les innombrables petits gris qui étaient sortis dans les fossés. Et c'était à qui en trouverait le plus !!! Les escargots rentraient vite leurs cornes et se cachaient dans leur coquille dès que nous les ramassions.

Une légère brume montait du sol encore chaud du soleil des derniers jours. La pluie qui avait enfin complètement cessé avait laissé derrière elle une terre gorgée d'eau qui sentait bon les feuilles fraîchement tombées et la mousse humide. Les chèvrefeuilles sauvages embaumaient  Les flaques d'eau, où nous aimions patauger, brillaient sous les rayons de lune. Les nuages avaient cédé leur place aux étoiles qui clignaient dans la nuit. Le ballet des chauves-souris, qui volaient au-dessus de nous, avait repris. Pas très rassurés, nous rentrions la tête dans les épaules à chacun de leurs passages.

Les paniers furent très vite pleins et c'était déjà le retour à la maison où nous déposions notre précieux butin dans une grande cage grillagée préparée à cette intention. Après avoir jeûné plusieurs jours, nos gastéropodes seraient fins prêts à passer à la cocotte où ils mijoteront longuement accompagnés d'ail, de persil, de vin blanc et de mie de pain.

On attendrait ce moment avec impatience mais pour l'instant, il fallait vite se mettre au lit : le marchand de sable était passé depuis longtemps....

Publié dans témoignages

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M
"Les enfants du marais" de Jean Becker
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M
ce très joli récit me fait penser au film avec J. Villeret et J.Gamblin sur la pêche à la grenouille.<br /> Autre technique astucieuse.
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