Retour sur mon enfance (12)
Noël.
Dans le grenier, chaque objet du passé est déposé là, pêle-mêle, comme en attente d'une nouvelle vie. Un gros carton m'intrigue. Je souffle dessus pour enlever un maximum de poussière puis je l'ouvre. Mes doigts impatients plongent au milieu des guirlandes et des boules dorées qui y sommeillent depuis des années. Qu'ils étaient beaux les Noël d'alors !!!!
Papa nous amenait dans le bois derrière le village pour choisir notre sapin. Il nous fallait le plus beau et le plus fourni. Nous le portions religieusement jusqu'à la maison où nous lui attribuions la meilleure place. Sa pointe atteignait presque les solives du plafond. Parer l'épicéa n'était pas une mince affaire. Debout sur un escabeau, c'est Maman qui fixait l'étoile sur la cime. Puis nous accrochions de belles boules en verre multicolore. Des anges aux joues pleines, des bougies rouges et des pères Noël en papier mâché venaient décorer les nombreuses branches qui nous renvoyaient des odeurs de résineux. Ensuite, Maman installait harmonieusement des guirlandes argentées de ça et de là. Et nous tombions en arrêt devant ce géant illuminé. Et c'était enfin la crèche que nous installions délicatement au pied du sapin, au milieu d'un pare terre de mousse qui sentait bon les sous bois où nous l'avions ramassée. Quelques tiges de houx aux boules d'un rouge éclatant venaient compléter ce décors de fête.
Ensuite, nous nous réunissions autour de la grande table dans la compagnie scintillante de l'arbre vers lequel nous tournions des regards émerveillés. Après le repas, autour d'un feu de cheminée, Papa nous racontait de merveilleuses histoires que nous écoutions attentivement. Des rêves pleins la tête, nous partions nous coucher après avoir installé nos chaussures soigneusement cirées devant la cheminée.
Aux premières lueurs de l'aube, en pyjama, nous étions déjà au pied du sapin pour découvrir ce que Papa Noël y avait gentiment déposé : un établi de menuisier pour mon grand frère, un mécano pour l'autre, une dînette pour ma sœur, un poupon pour la plus jeune et une poupée en porcelaine pour moi. Un livre, une orange que nous gardions longtemps et quelques pralines venaient compléter notre cadeau. Des étincelles plein les yeux, nous n'osions même pas ouvrir les paquets de peur de les abîmer. Nous dégustions longuement ce moment sous le regard attendri de nos parents.
J'ai toujours ma belle poupée de porcelaine dans ma chambre. Sa robe est un peu défraîchie, un de ses yeux ne se ferme plus, le rouge écarlate de sa bouche s'est écaillé mais elle reste un des derniers liens avec mon enfance.