Retour vers mon enfance (17)

Publié le par B. B.

Cueillette d'automne.

Dehors, les rayons du soleil parent d'or et de feu les grands arbres qui frémissent. L'orage, pour bref qu'il avait été, a lavé le ciel et la nature. Propre comme un sou neuf, la végétation resplendit. La couleur des feuillages paraît plus vive : la pluie les a lavé et les a débarrassé de leur pellicule de poussière.

Nous en profitons pour aller prendre l'air et voir si les premiers champignons ont enfin daigné montrer le bout de leur chapeau.

Dans les potagers, le froid vif des nuits qui rallongent a taché les dernières tomates et ratatiné les ultimes aubergines de la saison. Quelques coloquintes aux couleurs vives égaient les plates bandes. De grosses citrouilles d'un orange ardent feront bientôt une succulente soupe. Les plus belles orneront les rebords de fenêtre pour Halloween. Un talus me renvoie des bouffées de menthe sauvage. J'en écrase quelques feuilles dans ma main pour en sublimer les effluves. Au bord du chemin poivré de nids de poule, les derniers fruits de la saison se préparent : de petites poires juteuses et des noix craquantes vont bientôt offrir toutes leur saveur. Nous nous arrêtons dans un bosquet pour ramasser les premières noisettes. A l'aide d'un gros caillou, nous cassons les coquilles en essayant d'éviter nos doigts, et nous croquons les noisettes avec appétit. Rassasiées, nous reprenons notre promenade. Les vergers exhibent leurs pommes au parfum aigrelet. Les différentes variétés seront mélangées dans le pressoir où elles donneront un savoureux cidre doux. Là aussi, nous faisons une petite halte pour mordre à pleines dents dans une reinette sucrée.

Nous pénétrons dans le bois que l'automne embrase. Au détour d'un sentier, des senteurs fortes de champignons nous titillent le nez. J'écarte quelques fougères et des ronces aux épines redoutables à l'aide d'un bâton. Des cèpes sont cachés au pied d'un chêne. Seuls leurs chapeaux sombres émergent sur le tapis de feuilles mortes. Avec précaution, je dépose ma cueillette au fond du panier. Un peu plus loin, sous le lierre, des girolles couleur safran, accrochent mon regard. Elles vont vite rejoindre leurs semblables sur leur lit de fougères.

Je salive déjà en pensant à la bonne poêlée, parfumée d'ail et de persil, qui accompagnera l'omelette baveuse et la laitue craquante au dîner.


Publié dans témoignages

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M
Merci pour ce festin! On dirait du Signol (comme disait Mado) , du Clavel. Quoi de plus beau que la nature généreuse et prolifique !
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