Retour vers mon enfance (23)

Publié le par B. B.

L'école communale... (Suite)
La maîtresse nous surveillait depuis son bureau où une pile de livres, un encrier d'encre rouge pour les corrections, une longue règle en bois pour la lecture sur le tableau et une boite de craies multicolores étaient posés. Nous n'entendions que les craquements de l'estrade sous ses pieds. Chaque jour, nous récitions d'une voix mal assurée nos leçons ou nos récitations. Les bons élèves recevaient des bons points qui leur donnaient droit à une belle image, avec une fable au verso. Régulièrement, l'institutrice contrôlait nos connaissances : elle nous distribuait les cahiers de composition couverts d'un protège-cahier rouge. Il nous fallait très vite maîtriser l'orthographe ; résoudre les problèmes de robinets sans nous noyer, calculer la vitesse d'un train, réciter les tables de multiplication par cœur, connaître les départements, savoir parfaitement ce qu'étaient un maire, un canton, une préfecture....

Je contemple les murs encore chargés de dessins, de cartes de géographie, de tableaux de conjugaison, de gravures retraçant divers pans de notre histoire de France : les outils de la préhistoire, un village gaulois, un château fort, les croisades, le sacre de Napoléon, les soldats en uniforme bleu horizon dans les tranchées.

Il me semble encore entendre le ronronnement rassurant du gros poêle à bois, protégé par une grille, qui réchauffait nos froides journées d'hiver.

A la fin de la journée, nous devions à tour de rôle balayer la classe, remplir les encriers sans nous maculer les doigts, épousseter le bureau et nettoyer le tableau noir. En hiver, nous nous hâtions de partir car la nuit tombait vite et nous avions plusieurs kilomètres de marche à travers la campagne pour rejoindre les hameaux où nous vivions. A cette époque, les transports scolaires n'avaient pas encore fait leur apparition.

L'école républicaine de Jules Ferry a maintenant beaucoup changé. Les méthodes d'apprentissage de la lecture, de l'orthographe et du calcul ont été remaniées maintes et maintes fois ; la discipline et la morale ne sont plus que de vagues souvenirs.

Les quelques années passées à user nos fonds de culotte sur les bancs de cette école sont bien loin. Ce bond dans mon enfance est empreint de beaucoup de nostalgie. Je referme doucement la porte de la classe endormie sur le passé et je repars vers la maison.

Publié dans témoignages

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