Retour vers mon enfance (24)

Publié le par B. B.

Métiers d'autrefois...


Je traverse le bourg qui, il n'y a pas si longtemps, plongeait progressivement dans la léthargie  Mais à ma grande surprise, les vieilles bâtisses ont été rénovées et mises au goût du jour. Les anglais, de plus en plus nombreux à s'installer dans la région, achètent des maisons et des corps de ferme qu'ils restaurent avec passion. Les villages revivent, fleuris, embellis. Seuls les ateliers du bourrelier, du sabotier, du menuisier et du forgeron ont définitivement fermé leurs portes.

A travers les vitres poussiéreuses de la menuiserie, j'aperçois quelques outils oubliés : un gros rabot à la lame rouillée et une varlope gisent sur un établi usé. Sur une étagère, une gouge, une vrille et une tarière en colimaçon avec son manche en bois en forme de T ont été abandonnées. Le menuisier, au milieu de la marée blonde des copeaux, taillait, creusait, sciait, ajustait....Loin d'être cantonné à une tâche unique comme aujourd'hui, il participait à toutes les étapes de la fabrication jusqu'au produit fini. Il avait le plaisir d'avoir construit quelque chose qui se voit et qui reste.

Un peu plus loin, la forge ne retentit plus des coups sourds du marteau qui frappait le métal rougi. Le charron apportait les roues de charrette, qu'il avait fabriquées, pour être cerclées à chaud. Les paysans venaient avec un outil à faire affûter ou avec le cheval qui perdait ses fers. Protégé par un large tablier de cuir, le forgeron officiait. Il tapait, tapait encore et encore. Des étincelles jaillissaient. La masse rebondissait sur l'enclume avec un son clair. De temps en temps, il actionnait le gros soufflet qui faisait bondir les flammes. Le brasier éclairait son visage et dessinait sur les murs de la forge des ombres dansantes. Ensuite, à l'aide d'une longue pince, il plongeait le métal rougi dans un baquet d'eau pour le refroidir rapidement et le faire durcir. Puis il soulevait la patte du cheval pour poser le fer encore grésillant sur le sabot où il avait préalablement taillé et rogné la corne avec un boutoir et une pince à parer. Une odeur âcre se répandait alors. Et dans une position semi accroupie, à l'aide d'un gros marteau, il enfonçait les clous qui maintiendraient le fer.

Les tracteurs ont remplacé les chevaux. L'extension perpétuelle des terres, la modernisation progressive, la société de consommation, tout cela a contribué à faire disparaître tous ces petits métiers qui faisaient battre le cœur des villages.

Publié dans témoignages

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J
Il me semble que le maréchal n'enfonçait pas les clous avec "un gros marteau", mais putôt avec un petit marteau appelé "brochoir".(poids:environ 400 grammes)Cordialement
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