Bernie, le fils du vent (2)

Chap. I (suite)

Quelques jours auparavant, Bernie a déambulé, sous la pluie, sur une distance de vingt kilomètres, pour rallier deux villes.

Il a fait ça naturellement, sans vraiment presser le pas, en faisant des haltes parfois pour écouter  la musique de la pluie, sous les abris de bus.

Les automobiles ralentissaient quelques fois et les conducteurs essayaient d'apercevoir son visage.

Quand il voyait un panneau annonçant la ville visitée, ça signifiait pour lui des besoins primaires, vitaux, comme : manger, voir du monde, dormir...

Une fois, il s'est fait passer à tabac par une bande de trois hommes, sans aucune raison précise. Il a  eu des vertèbres fracturées et le visage tuméfié mais en réussissant, malgré tout, à tailler le bras de l'un d'entre eux, avec son couteau de poche. Ce qui a eu l'incidence de les mettre en fuite pour tenter de résorber cette hémorragie soudaine.

Bernie raconte ses pérégrinations et captive l'attention de son auditoire sans se forcer :

-« L'autre jour, je suis passé dans un village de campagne. Les hommes, qui jouaient à la pétanque, ressemblaient à leurs boules : tout en rondeurs. J'en suis venu à me questionner : « et si la boule partait avec le lanceur... » »

-« A cet endroit de mon chemin, la cabine téléphonique abritait une belle brune

en minijupe collée sur sa peau. J'enviai de suite le veinard, à l'autre bout de la ligne, qui conversait avec cette nymphette. J'imaginais même un dialogue amoureux, timide entre ces deux êtres...

Mais, au fond, y perdais je vraiment au change ? Moi, je la voyais, cette jolie fille, alors que lui, pendu au téléphone, se contentait de l'entendre seulement... »

-« Devant une villa toute blanche, j'aperçois cette boite aux lettres, en forme de tube lance-roquettes. Imaginez que les lettres soient soufflées en vrac vers cette maison comme une sarbacane. Vous imaginez le bouquet final ? »