Retour vers mon enfance (27)

Publié le par B. B.

Transports démodés ...


Il est grand temps maintenant de remonter vers le village. Je suis les méandres de bitume qui enlacent la colline roussie par l'automne. Après un tournant, j'aperçois les imposantes arches de pierre et le parapet en fer du viaduc qui s'élance majestueusement au-dessus de la vallée. En bas, les rayons du soleil accrochent la surface de l'étang bordé de roseaux où des canards sauvages se jouent des chasseurs. La cime des peupliers qui se déshabille  doucement sous les assauts du vent me parait proche. De là haut, les vaches qui paissent tranquillement l'herbe grasse des prés paraissent bien petites. Depuis quelques décennies, la campagne ne résonne plus du sifflet de la locomotive à vapeur qui tractait nonchalamment ses wagons de voyageurs et ses convois de marchandises de gare en gare. Les rails et les traverses ont été enlevés et le viaduc ne voit désormais plus passer que des promeneurs et des cyclistes. Il est devenu le lieu incontournable pour le saut à l'élastique et pour l'escalade.

Après la dernière guerre mondiale, les voitures de plus en plus nombreuses ont commencé à concurrencer le transport ferroviaire. Les trains ont disparu peu à peu des petites lignes plus assez rentables. Les automobilistes étaient assez rares dans les campagnes à cette époque là et elles suscitaient déjà l'enthousiasme des badauds. Les chemins n'étaient pas encore goudronnés et je me rappelle du nuage de poussière qu'elles provoquaient à chacun de leur passage. Dans les hameaux, elles semaient la terreur chez les volailles étourdies qui traversaient la route pour leur échapper. De place en place, des petits tas de plumes frissonnaient au vent. Ah ! Qu'elles étaient belles les voitures d'autrefois ! Elles avaient du caractère. La B14 du voisin semblait toute droite sortie d'un film muet. Il la démarrait à la manivelle et parfois nous avions la chance d'y monter. Elle a fini dans la cour de la ferme où elle servait de perchoir aux poules. Quelques mythiques Tractions noires et autres vieilles Citroën côtoyaient encore d'imposantes  203,  des Arondes, des Arianes, des  populaires 2 CV,  des   4 CV, des Dauphines et de nobles DS.  Ces autos se conduisaient vraiment sans direction assistée .

C'était encore l'époque où on ne se préoccupait pas de la planète, de la pollution, de la consommation de carburant, et où les constructeurs ne pensaient pas encore Marketing et fabriquaient de solides bagnoles. Toutefois, leur généralisation a élevé le niveau de vie des gens et  ouvert de nouveaux horizons.

Publié dans témoignages

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