Visite du village de Takoni au MALI (2)

Publié le par F. R-G



Des femmes...

Puis je retourne comme je l'avais promis auprès du groupe d'alphabétisation. De nouveau, ce sont des chants qui m'accueillent. Pour l'occasion, le chargé d'alphabétisation a fait venir une de ses collègues pour parler d'un projet qui m'est cher, la maternité, les consultations prénatales, l'accouchement et le sevrage. Les 100 femmes réunies sont extrêmement attentives à ce qui leur est dit. La formation est toujours agrémentée d'exemples concrets. Les femmes sont extrêmement attentives à ce qui leur est dit. Ce sont beaucoup de témoignages pour parler de leur maternité, des difficultés pour se rendre à Kassaro chef-lieu de communes distant de quelques 15 kilomètres. Peu de femmes vont en consultations prénatales encore moins vont accoucher à la maternité de Kassaro. Je leur propose de mettre en place, comme dans beaucoup de villages jumelés par L.A.C.I.M., des consultations prénatales décentralisées. Plutôt que de faire faire un trajet de 15 km à toutes les femmes enceintes, nous proposons que la sage-femme de la maternité vieille une fois par mois pour faire les consultations prénatales. Il est fondamental que les femmes viennent à la consultation prénatale afin de rentabiliser les déplacements de la sage-femme. Ces consultations ont pour but de diagnostiquer les femmes à risque afin de les rapprocher éventuellement de la maternité dans les jours qui précèdent leur accouchement. Elle permet également que le maximum de femmes n'accouche plus à domicile et puisse accoucher dans de bonnes conditions d'hygiène et de sécurité. Les femmes sont conscientes de l'importance d'aller accoucher en maternité beaucoup ont eu des enfants mort-nés, certaines de leurs amies sont décédées au moment de l'accouchement faute de soins. Nous abordons également l'importance de la nutrition pendant la grossesse mais aussi les travaux souvent pénibles de la femme surtout dans les derniers mois précédant l'accouchement.

Nous voyons trop de femmes enceintes de sept ou huit mois aller chercher de l'eau au puits, porter de lourdes charges sur la tête en particulier le bois pour la cuisine ou des seaux remplis d'eau ou encore qu'il est le mil.

Nous parlons également de l'importance du sevrage, la tradition orale en pays bambara dit qu'une femme de nouveau enceinte, ne peut plus nourrir son enfant parce que le lait devient empoisonné. Je demande si dans l'assistance il y a une femme qui sait qu'elle est enceinte et qui nourrit encore son enfant. J'ai fait venir cette femme. Et avec l'aide de la formatrice en alphabétisation nous lui expliquons, ainsi qu'à ses amies, que son lait est toujours aussi bon pour son enfant et que ce n'est pas parce qu'elle est enceinte que son lait est devenu empoisonné. Je lui explique que la veille du jour où elle apprise qu'elle était enceinte elle a allaité son enfant et que son enfant n'a pas eu de problème et surtout pas des diarrhées et que ce n'est pas parce qu'elle est enceinte que son lait est mauvais. Je déclenche un grand éclat de rire. Une femme se lève et me dit qu'elle pense que tout le monde a compris l'importance d'un sevrage progressif afin de que les enfants soient en bonne santé.

Une autre femme tient à s'exprimer, elle me dit qu'avant l'alphabétisation elle était idiote, qu'elle ne connaissait rien et que maintenant elle savait et que grâce à LACIM sa vie et celles de ses amies allaient changer.

La discussion va se poursuivre encore un bon moment, avant que nous nous séparions, il est 15 H 30 et elles n'ont pas encore mangé, mais elles me disent que ça n'a pas d'importance puisque l'important s'est d'abord l'amitié. Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin afin que nous puissions discuter des différents projets du village.

Publié dans témoignages

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