Réminiscence...
Où nous partions, enfants, emmitouflés, couverts ?
Le soleil printanier faisait pleurer l'hiver
Et la fonte des neiges s'effondrait en cascade.
Elle jaillissait soudain et nous éclaboussait
On lisait sur la pierre «Cascade du Ceriset».
Tu te figeais sur place, paralysé des mots
Face à ce gigantesque déferlement des eaux.
Comme tétanisé, tu nous laissais pantois
Devant cette émotion, ne comprenant pourquoi
Ce décor fantastique qui nous émerveillait
Te submergeait autant que les eaux le faisaient.
Sur le sol endormi par un hiver transi
Elle venait réveillait la nature et la vie.
Tu fixais l'horizon en hurlant de terreur
La cascade coupable de ta mauvaise humeur.
Nous n'avons jamais su calmer cette souffrance
Fallait-il qu'elle émerge ou qu'elle dorme en silence
A l'intérieur de toi, secrète, prisonnière,
Comme cette douleur d'être orphelin de mère ?
Face à cette cascade d'émotion qui jaillit
Toi seul a le secret pour calmer ta phobie.
Pourrais-tu dire enfin pourquoi tu pleurais tant ?
Nous n'avons su la cause de ton tourment.
Lorsque l'enfant s'anime et qu'il n'a pas la prose
Pour raconter sa vie et décrire les choses
Pour dire sa colère, sa tristesse, sa peur...
Il remplace les mots par des cris de douleur.