Mon Sahara à moi...
Mon Sahara à moi est une terre vierge, aux antipodes de l'endroit où je me trouve.
C'est peut-être un ara, perroquet du Brésil, aux couleurs si vives et si chaudes.
C'est peut-être un grain de sable, à la fois si petit par rapport à moi et si grand face à l'infiniment minuscule.
Mon Sahara à moi est une sarabande heureuse et joyeuse. La méhari est mon imagination.
-« Sand, everywhere ! » disent les gens là-bas, lorsque vous les interrogez.
Sarah, la guide traductrice, a les yeux d'une couleur indescriptible, sa chevelure est noire et frisée, sa démarche fluide et féline, son phrasé fragmenté et haché.
Le cortège se met en route, la caravane progressivement s'articule, telle un serpent des sables. Le signal de départ a été donné par l'un des chefs du groupe. Les roues se mettent à tourner, les rennes claquent, les bêtes à baisser la tête. Des oiseaux s'envolent, un fennec s'enfuit.
Un nuage de poussière s'élève derrière eux. On entend des rires d'enfants, une mère crie, des chiens qui aboient. Le rythme est lent et soutenu, la cadence est stigmatisée par les grincements d'embiellages, les souffles des naseaux, les ordres des cochers.
Les dunes défilent, les paysages sont caillouteux ou sablonneux, ou les deux à la fois. Les arbrisseaux jonchent parfois le chemin, des cactus offrent aux regards impudiques, leur érection naturelle. Des carapaces de voitures abandonnées, sont disséminées un peu partout.
C'est la vie qui avance, se confrontant aux obstacles du désert ; c'est la volonté, c'est le sang... Les efforts sont intenses et pénibles, le soleil est à son zénith et brûle les peaux offertes en sacrifice.
Le sens de cette marche inexorable, c'est la vie, chaude et régénérante,
la mort, elle, est derrière, froide et ténébreuse.
Demain nous arriverons.
Ne perdons pas espoir et regardons devant !