Travail et santé...
Lettre d'un employé,
confronté, comme tant d'autres collègues,
aux terribles conséquences d'un travail particulier.
Le mal être d'un employé du traitement thermique de Turboméca Bordes
Quelle aubaine : enfin embauché à Turboméca , au traitement thermique, peu importe cet univers de feu et de chaleur, il y a une trentaine d'années, j'entrais dans une entreprise fleuron aéronautique, « un privilégié ».
J'ai aimé mon travail, j'y trouvais de l'intérêt : les transformations mécaniques des métaux et leur variété, 80% de la production passait chez nous, nous étions incontournables, malgré l'ignorance de beaucoup de « turbos » sur notre activité.
Aujourd'hui, après tout ce temps, mes sentiments ont tristement évolué. Des années passées dans le plus vieux bâtiment de l'usine, dans le bruit, la chaleur, les poussières métalliques, les charges lourdes à déplacer faute d'engins de levage en nombre suffisant, les produits toxiques, mutagènes, les fumées de trempe...et l'ennemi invisible, qui depuis 1998 n'était plus là. Sauf qu'il était retrouvé en 2008 dans plusieurs plaques d'isolation de 4*3m, dans une dizaine de joints de fours et d'étuves, dans les poussières sur les ponts roulants, dans les fosses, et la liste reste ouverte.
C'est donc maintenant l'angoisse qui prévaut :
Celle des résultats des radiographies pulmonaires, des scanners, examens sanguins, liés à différentes pathologies que nous découvrons avec l'âge (notamment pour mes camarades les plus anciens dans le service).
Celle des nodules pulmonaires, des hernies abdominales et discales, des problèmes rénaux et autres affections graves.
Cette angoisse qui se transforme en peur du lendemain, sachant que cette épée de Damoclès constituée à partir de ces produits et de ces pathologies nous expose très clairement à un risque important de cancer.
Comment cette peur ne peut-elle pas évoluer en colère, quand notre Direction dit que nos conditions de travail ne sont pas comparables à d'autres ateliers du groupe safran, pour lesquels des accords ont été signés par leur Direction et l'ensemble des Organisations syndicales.
Pour notre part, nous nous sommes inspirés au plus près, des termes de l'accord SNECMA. Pour moi, et mes collègues, notre revendication est justifiée, pour pouvoir profiter des années à venir, sachant que nos conditions de travail pourront avoir amputé sérieusement leur nombre.
Après avoir fait confiance à nos responsables depuis 2008 afin de régler cette situation avec le personnel concerné, nous nous trouvons dans une situation de blocage, qui nous amène depuis plusieurs semaines, à des arrêts de travail, je souhaite que notre direction veuille bien écouter et comprendre le mal vivre qui est le nôtre depuis de nombreux mois.