L'habit ne fait pas le moine (1/2)
Le fait que je vais narrer m'est encore et toujours douloureux aujourd'hui.
Quatorze ans ! Ça fait la deuxième saison que je travaille pendant les vacances scolaires dans un hôtel, rue Basse, à Lourdes, comme plongeuse.
Cette année-là, je ne pourrai pas continuer jusqu'au Rosaire car la rentrée au lycée Marie Curie aura lieu au tout début du mois d'octobre.
Pensionnaire, je me retrouve parachutée après le certificat d'études en classe de quatrième Commerce, avec des élèves qui ont fait leur sixième et cinquième, ensemble, dans ce même établissement.
Le problème n'est pas là mais c'est la longue liste d'achats qu'il faut faire pour constituer le « trousseau » et l'achat des livres et cahiers qui me gène par rapport à mes parents.
Nous voilà avec maman, âgée et fatiguée, parcourant la rue Maréchal Foch à Tarbes pour ce fameux « trousseau » et ce molleton que nous ne trouvions nulle part... Qu'est-ce que cela pouvait être ? Il eût fallu être tout simplement plus simple en désignant la « chose » : une protection matelas. Enfin passons...
Prête, le nœud à l'estomac, voici la rentrée...
J'ai de la chance. Plusieurs élèves de ma classe sont, elles aussi, pensionnaires ; nous serons, donc, en étude ensemble.
Les surveillantes sont sympathiques et disponibles pour répondre à mes questions et m'aider dans mon organisation.
Pour moi, les heures d'étude n'étaient pas suffisantes. Je devais « bûcher » sous les draps... en m'éclairant à l'aide d'une lampe de poche.
Voici venir le premier jeudi, jour de promenade... Première sortie en ville... Dans la cour, immense devant le haut portail en fer peint en gris, ouvrant directement sur le trottoir et la rue, nous sommes en rang, deux par deux. Le censeur passe en revue le long serpent d'adolescentes avec leurs chapeaux identiques, des tenues bleu marine, des chaussettes blanches et des chaussures de ville. Devant la colonne, une « pionne » accompagnatrice, derrière, une deuxième fermant la marche.
(A suivre)