A propos... du temps (1/2)
« Il faut laisser du temps au temps ! »
Cette formule est connue, répétée quelquefois,
depuis, qu’à bon escient comme toujours, l’avait employée
un ancien Président de la République, Monsieur Mitterrand.
Avec sa longue carrière politique d'ombres et de lumières,
sa dualité permanente, cultivée durant toute son existence :
combattant et prisonnier, pétainiste et résistant,
politique et écrivain, mari et amant, président et confident,
fidèle -en amitié- et indifférent, malade et lutteur,
il en connaissait, lui, n'en doutons pas, le sens profond,
et en appréciait naturellement toute l'agréable saveur.
S'inspirait-il, à ses heures, après Alain le philosophe,
de Socrate, Montaigne, Descartes qui, en sages,
préconisaient la patience à l'emportement ?
Qui, dans le même esprit, ne se souvient spontanément
de la moralité de la fable du Rat et du Lion de La Fontaine ?
Précieuse dans nos sociétés cette démarche
qui privilégie la prudence, la réflexion, l 'analyse
alors que prime l'urgence, l'immédiateté, la vitesse !
Considéré effectivement dans sa durée, le temps
possède quelques vertus capitales : en premier lieu,
ne facilite-t-il pas l'oubli, partiel mais non définitif,
et donc la faculté de rebondir en toutes circonstances
car la terre continue à tourner, le jour à se lever ?
Mais, par le recul qu'il autorise, il apporte quelquefois,
et c'est heureux, la vérification, la justification, la validité,
la justesse de telle ou telle prise de position antérieure,
la compréhension exacte de certains arguments, faits,
rendus inaudibles ou mal interprétés dans la précipitation,
l'émotion, l'onde de choc du tremblement de l'instant.
Mais, par contre, comme le chantait avec délice le poète,
Georges Brassens, « le temps ne fait rien à l'affaire... ».
S'il bonifie habituellement, au fil des années, le vin, le nectar,
il ne réussit pas à changer le fond de la nature humaine ;
« quand on est con... on est con ! » ! Quel que soit l'âge !
Difficile à admettre ? Il suffit d'observer autour de soi.
Ceux qui, sans parler de handicap, n'ont point été favorisés,
et étalent, à leur insu et dès leur plus jeune âge,
une bonne part de bêtise humaine la traîneront, indélébile,
malheureusement jusqu'au crépuscule de leur vie.
Irréversible également est notre rapport au temps !
Impossible en effet de le retenir… il s'envole à jamais...
et pas davantage ne pouvons espérer le réduire !
(A suivre)