Anorexie
Poème précédent : Condoléances
Anorexie
Au plus profond de ma mémoire
Habitée par le pouvoir
Anxiogène du souvenir
J’apprends à lire
De vieux rébus à décoder
Sans réelles affinités.
Dépitée par le déluge
Telle une nuit sans refuge
Je me tiens à carreaux
Concentrée sur les carreaux
Des pages quadrillées
De mon cahier.
Caractère gras des « Pourquoi ? »
Lourds d’angoisse d’être là
Les jours longs s’étirent
Anorexie qui vire
Au mal de ventre allarmé
Par Mallarmé
Que j’ânonne de mes larmes armées
De mots qui s’entremêlent, mal aimés
« Excusez, prince des poètes
Mais je ne suis pas prête ! »
Les mots grincent de l’encrier
Sur mon pupitre d’écolier.
Quand soudain, lever de rideau
Sur le tableau
Les mots se sont mis à danser
Ils ont glissé sur le papier glacé.
L’obscurité percée d’une éclaircie
Défiant l’anorexie
Libère les mots de prison
Raisonnant à foison
Sur mon esprit transi.
J’ai remis les points sur les i
Depuis, j’ai faim de douceur
De mots qui parlent à mon cœur
Comme quand les nuages remontent des abîmes
Laissant glisser leur brume derrière les hautes cimes
Allant chercher la poésie
Pour nourrir ma vie.