Atelier d'écriture (22)
Atelier d'écriture : Atelier d'écriture (21)
Productions spontanées des différents participants
à partir de Jeux d'écriture
proposés sur un thème
dans le cadre de l'atelier d'écriture mensuel organisé à Adé.
De l’instantané à la suggestion du ressenti
Je pense à toi quand j’ai mal au cœur, que je suis froissé, déchiré, mouillé, sale. Je vais au café avec mon journal, je m’installe à une table un peu éloignée, je commande une noisette en regardant autour de moi. Je pense à toi. On m’amène le café, je remue longuement le sucre avec la cuillère en argent, je vois une légère fumée sortir du breuvage chaud, j’apporte la tasse à mes lèvres, je pense à toi. Tout le bonheur que tu m’as donné, enfant, la sieste imposée, la « main noire » pour me faire dormir, tes chansons espagnoles auxquelles je ne comprenais rien, ton travail au jardin, arrachant la mauvaise herbe, la « bollilia », tes déjeuners toujours tardifs qui frustraient l’enfant affamé que j’étais. Je vois encore la maison avec la pompe à eau devant, la route nationale très proche, le facteur, le voisin allant s’occuper des vaches, le boulanger portant à domicile pain et BN, récompense majeure, l’école communale et la directrice d’école, bourreau d’enfants. Je vois les géraniums, les arums , je vois les patates et les poireaux, je pense à Labri, ton chien si gentil, une vraie boule d’amour. Je pense à tes calins d’affection, tes expressions comme « mi hijo », « mi amor », « mon prince »… Je te disais que, plus tard, je viendrais cultiver ton jardin avec un tracteur, que je t’achèterais une robe en or. On t’appelait alors « mémé de la gare » parce que tu habitais près d’une ancienne gare. Tes frites, elles étaient carrées, cuites à l’oignon, bonnes comme le bon pain. Tu faisais de la bonne soupe de légumes frais, des ragouts, des pommes au four, du pain perdu.
Marc