J'avais 20 ans... (3)
J’avais 20 ans. Le 10 mai, à 19h 59, la France, rivée à ses téléviseurs, attend fébrilement. Il n’y a pas de suspense : François MITTERAND est le nouveau président de la république française.
L’éternel perdant aura même un million de voix d’avance. Sur le coup, le France est en état de choc. Giscard n’était donc pas toujours voué au succès. Les militants socialistes, massés rue de Solferino, au siège parisien de leur parti, ont du mal à y croire : leur chef, l’opposant historique de la Ve République, va entrer à l’Elysée… Quelques mois plus tôt, personne n’aurait misé sur ses chances de l’emporter. Ses propres amis politiques le mettaient en cause. Plusieurs intellectuels célèbres le priaient même de regagner sa bergerie landaise, d’y lire saint Simon et d’y écrire ses mémoires. Michel Rocard leur paraissait tellement mieux armé pour égratigner l’invincible VGE.
Grâce à Mitterrand, la gauche triomphe. Pour ses partisans, c’est l’allégresse. A Paris, la foule converge vers la Bastille. 100 000 personnes se ruent vers le haut lieu de la France révolutionnaire. Très vite, Rocard affiche un bonheur opportun et resplendissant. Pierre Juquin, au nom du PC, explique la joie des communistes qui, insiste-t-il, ont tellement œuvré pour la victoire commune.
Puis la pluie arrive et les lampions ruissellent ; la fête n’aura pas duré longtemps.
J’avais 20 ans ; Borg- Mac Enroe : le duel !
Mc Enroe est entré le premier sur le court. Visage fermé et gris. La cuisse gauche serrée dans un emplâtre. On l’applaudit longuement, comme jamais. En ce début d’année, alors que le tournoi des maîtres ouvre les 4 saisons, son cœur bat plus fort encore pour BORG.
Celui-ci arrive à son tour, le cheveu blond et propre, de bleu vêtu. C’est Monsieur « clean » du tennis. Il a le masque de fer. 19 130 spectateurs (record absolu). Avec Borg et Mc Enroe, le tennis marche au super. Borg porte en lui des trésors de patience et de retenue.
Jusqu’à la mi-juin, vainqueur du Masters et de Roland Garros, le suédois garde le pouvoir en main. Mais, le 4 juillet, sonne l’heure du changement. Après 5 ans d’invincibilité, Borg n’est plus champion de Wimbledon. Il échoue face à John Mc Enroe. Le dernier point gagnant obtenu au bout de 3h 22 d’échanges, Mac lève les bras au ciel puis se tourne vers ses parents dans les tribunes. Il refusera de se rendre au traditionnel dîner de clôture. Le dernier caprice d’une quinzaine aura mis l’Angleterre à genoux… Mac, l’irlandais de feu, à l’humeur bagarreuse et ses allures de provoc. Au 1er tour, il a essayé de briser sa raquette. Ses écarts de langage ont obligé Lady Di à quitter la loge royale, à l’invitation du chef du protocole. Il lui en coûtera 15 000 dollars d’amende.
Plus tard, dans l’année, Mac impose son style, prend le filet et remporte l’open des USA.