J'avais 20 ans...

 

                J’avais 20 ans ; BRASSENS le chanteur, est mort en novembre. Mais les poètes ne meurent jamais, c’est bien connu.

« L’auvergnat », « Les sabots d’Hélène », « Au bois d’mon cœur », « Les copains d’abord »… s’imposent par leur texte. En 1967, c’est l’Académie Française qui lui accorde son Grand prix de Poésie.

                Trouvère moderne, il chante le non mariage et les mauvaises réputations. Gaulois, fort en gueule et volontiers pornographe tranquille, il rallie à ses vers tous les honnêtes gens qui l’avaient d’abord hué. Vocabulaire parfois médiéval, complaintes à la Rutebeuf, il ne négligera ni la langue verte ni les mots usés.  Il crée une poésie qui parle à tous. Maxime LEFORESTIER ou Philippe CHATEL diront plus tard leur dette à son égard.

L’enfant de Sète, où il est né en 1920, a conquis Paris en refusant de se plier aux modes, aux règles du show biz.

 

                J’avais 20 ans ; BOB MARLEY s’en est allé, le Jamaïcain qu’on surnommait « le pape du REGGAE ».

Ce rythme musical étrange, fait de pulsations et de percussions, et traduisant la nuit et la révolte du tiers monde, avec sa base africaine, disparaît à 36 ans d’un cancer généralisé. Bernard LAVILLIERS, Serge GAINSBOURG s’en inspireront par la suite.

Accents révolutionnaires et religieux (roi noir Ras Tafari, qui viendra délivrer le peuple noir du joug de l’homme blanc).

                Cheveux tenus par des nattes, joues creusées par une vie sans sommeil, faite d’excès, il va profondément influencer les autres styles de musique. Il devient une sorte de mythe, de figure quasiment légendaire et ne sera jamais remplacé. Ses plus grands succès furent : « Babylone », » Exodus », » Survival ».

 

                J’avais 20 ans ; c’était le « boom » de la vidéo, enjeu économique considérable (vidéocassette et magnétoscope).

Dans un univers hanté par la crise économique, le chômage, les fermetures d’usines, c’est le secteur en pointe.

On est en rupture de stock. La France va acheter 230 000 magnétoscopes et consommer plus de 6 millions de cassettes. On commence à sortir des magazines vidéo, des programmes éducatifs, on enregistre les tours de chant, les pièces de théâtre, des recettes de cuisine…

                De beaux jours pour tous ceux qui ont cru à cette nouvelle technique et qui ont fait le pari qu’elle déboucherait sur un nouveau comportement de l’homme, dans une société de loisirs et de consommation.