« Les Femmes savantes »

 

 

Article précédent : A cœur joie ?

 

La semaine dernière, sur la scène nationale du Parvis à Tarbes,

la pièce de théâtre « Les Femmes savantes » était au programme.

Comme beaucoup d’autres spectateurs, avons, énormément,

apprécié cette interprétation, dans un décor on ne peut plus sobre.

Et bien qu’écrite au XVIIème siècle, cette comédie de Molière

qui à travers la satire, la moquerie, le rire, la farce même, traite

des relations humaines, de l’émancipation de la femme, du pouvoir,

de l’amour se révèle, aujourd’hui encore, très contemporaine.

D’abord, c’est sûrement à partir d’une telle constatation que l’on doit

reconnaître, admettre le génie de tous ceux qui, au fil du temps,

sont passés à la postérité par leurs œuvres dans tel ou tel domaine.

Ensuite, comment ne pas voir, entendre que cette maison bourgeoise

qui devient progressivement « folle », incontrôlée et incontrôlable,

par la déraison de trois illuminées, excessives, de ces ridicules, dupées,

et qu’un piètre versificateur, un « pédant » abuse de « sa plume libérale »,   

par la faiblesse, inouïe, du maître des lieux malgré de bonnes résolutions,

verbales, et sans l’autorité indispensable pour protéger sa fille cadette

du mariage, forcé, que sa mère envisage, dans son délire, pour elle,

nous rappelle inévitablement la société dérégulée, en crise, de notre époque

dans laquelle nous essayons, nous aussi, de résister les uns et les autres

comme le font, avec difficulté mais sincérité, les deux jeunes amoureux ?

Aujourd’hui, le véritable pouvoir, n’a-t-il pas été accaparé, n’est-il pas exercé

par une oligarchie, gagnée par la folie digne de celle des pseudo savantes,

et agissant avec excès, cupidité, indécence, sans se soucier des autres ?

Aujourd’hui, les présidents et gouvernements, malgré des velléités affirmées,

ne sont-ils pas désarmés, sous la coupe des puissances financières

et impuissants, tel le mari et père, à contraindre le système à plus d’humanité ?

Aujourd’hui, les peuples, réduits à subir des régressions sociales, économiques,

ne souffrent-ils pas, n’ont-ils pas peur de cette cruelle et fautive évolution

comme « l’intellectualisme » de ces femmes pouvait en écraser d’autres ?

Dans la pièce, un stratagème, inattendu, vient, avec bonheur, bouleverser 

le cours des choses et permettre au bon sens, au réalisme de l’emporter,

à l’amour, terre à terre, de triompher sur les inconscients « beaux esprits ».

Dans nos sociétés avancées aussi, comme déjà ailleurs, il faudra, sans tarder,

trouver un équilibre, plus juste où l’Homme, enfin, aura toute sa vraie place, 

et avancer vers une société de progrès, de lumières, de richesses partagées.