Les Pipelettes (28)
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Froid de canard (28)
Arlette : - Voilà qu’il commence à neiger ! On va aller boire quelque chose pour se réchauffer ; ce ne sera pas du luxe !
Claudine : - Bonne idée ! J’ai le froid dessus. On va rejoindre la troupe au café sur la place. Ah, tiens, ils sont déjà partis. Dommage !
Arlette : - Asseyons-nous à cette table près du radiateur. Qu’est-ce que tu prends ?
Claudine : - J’ai envie d’un bon thé bien brûlant.
Arlette : - Quoi, cette pisse d’âne ?
Claudine : - Ca a le mérite de réchauffer.
Arlette : -Moi, je vais plutôt prendre un quinquina pour me ragaillardir.
Claudine : - Après mon thé, je ne serais pas contre une petite goutte d’eau de vie. C’est un excellent anti-gel.
Arlette : - Enfin, te voilà raisonnable ! Enlève donc ta chapka, il fait chaud ici.
Claudine : - Je peux pas l’ôter, j’ai encore des bigoudis sur la tête. Mes cheveux n’étaient pas encore secs.
Arlette : - Mais c’est bon pour choper la crève ! Et puis, cette chapka, ce n’est pas très élégant. Ca te fait une petite tête de moineau. Tu ressembles à Olive, tu sais, la femme de Popeye.
Claudine : -Merci pour la comparaison… Tu as l’art et la manière de faire des compliments, décidemment ! En tout cas, sache que ça a le mérite de protéger mes oreilles du froid. Tu sais bien que je suis fragile et que j’attrape souvent des otites. En plus, c’est la grande mode. Dans les magazines, tous les mannequins en portent.
Arlette : - Oui, mais ce qui est tout à fait glamour chez ces magnifiques créatures, n’est pas forcément seyant chez une femme d’âge mûr.
Claudine : - C’est quand même autrement plus sexy que ton châle jaune moutarde. Tu aurais pu choisir une autre couleur un tantinet plus discrète.
Arlette : - Il me tient chaud, c’est l’essentiel. Et puis, je l’ai tricoté moi-même avec de la laine angora récupérée sur un vieux pull de mon pauvre mari.
Claudine : -Il ne devait pas passer inaperçu avec ce tricot… Il vaudrait mieux rentrer maintenant. Les flocons sont de plus en plus gros. Et les trottoirs sont devenus glissants. C’est une vraie patinoire.
Arlette : - Il va falloir faire attention à ne pas tomber.
Claudine : - Pour sûr ! A chaque pas, nous risquons la fracture du fémur.
Arlette : - Il ne manquerait plus que ça. Dimanche après-midi, il y a un thé dansant au club. Je n’ai pas envie de le louper.