Les Pipelettes (34)
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Chère Claudine,
Comme je n’ai aucune nouvelle de toi, je me décide à t’écrire, mais tu ne peux savoir combien cela me coûte. Voilà tant d’années que je n’ai pas rédigé de lettre. Mais c’est de ta faute, car tu m’as tellement dit que je devais évoluer, communiquer autrement : téléphone fixe ou portable, SMS, mails, etc.… que je ne sais plus faire de courrier classique. De plus tu connais mon problème : l’orthographe, et tu n’es plus à côté de moi, comme au lycée, pour corriger mes fautes. J’ai dû donc remonter de ma cave : mon « Petit Robert », mon « Dictionnaire des synonymes », mon « Bled », mon « Bescherelle » des conjugaisons, rien que pour toi. Quel travail, je ne te dis pas. Tout ça parce que je n’arrive pas à te joindre. Pourtant il me semblait que la Charente était civilisée, ou alors il y a eu une nouvelle tempête et personne n’est au courant… ! Les catastrophes tu les as toujours attirées.
J’espère que tu as pu régler certaines formalités pour tes parents. J’ai dû moi-même faire face à ces problèmes et je sais combien c’est difficile. Aussi pour te changer les idées, je te tiendrai au courant des « potins » du village. Ca te fera du bien. Et puis surtout parce que même si tu m’agaces, me portes sur les nerfs, quand tu es ici : nos disputes, nos chamailleries, nos rigolades, nos papotages me manquent déjà. Tu vois je l’avoue : je m’ennuie quand tu n’es pas là.
Voyons un peu ce que je pourrais te raconter de beau. Ah oui… ! Jeudi dernier il y a eu un lunch à la salle des fêtes. Tu me connais, j’ai réussi à me faufiler avec les invités et personne n’a osé me demander si j’étais conviée. Bien fait pour les organisateurs : la prochaine fois, ils ne m’oublieront pas sur leur liste. Tout ça pour te dire que le buffet était vraiment très bien garni et délicieux. Comme d’habitude, j’avais planqué mon « Tupperware » dans mon sac à main et fait discrètement le plein pour mon repas du lendemain. Après tout, là où il y a de la gène, y a pas de plaisir. Et puis comme ça, au moins, il n’y a pas de gâchis.
Mais j’ai oublié de te dire que le bar était lui aussi très fourni. Aussi, j’en ai profité pour boire deux ou trois verres à ta santé. Tu vois je ne suis pas une ingrate : je pense à toi… ! Ce qui n’est pas ton cas, puisque je n’ai aucune nouvelle de toi. Alors écris-moi, ou téléphone-moi.
Bisous.
Ta copine
Arlette