Les Pipelettes (35)

Publié le par B. B. / J. S.

 

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Chère Arlette,

 

 

         Ta lettre vient de me parvenir. A ce que je vois, tu n’as pas l’air de t’ennuyer sans moi : un lunch par-ci, un gueuleton par là, quelques petits verres pour faire descendre tout ça… Fais quand même attention à ton régime. Si tu veux perdre la grosse bouée que tu as autour de la taille, il vaudrait mieux que tu manges des grillades et des légumes cuits à la  vapeur. Enfin, ce que j’en dis, moi ! Toujours est-il que quand le chat n’est pas là, les souris dansent…

         En attendant, je ne suis pas prête pour revenir. Entre les visites à l’hôpital et les démarches administratives, je n’ai pas un instant à moi. Et puis, la Charente, ce n’est pas la porte à côté. Mon voyage a duré presque toute une journée. Ca faisait un bail que ma petite R8 n’avait pas autant roulé. En trente ans, elle n’affiche que 20.000 kilomètres au compteur. Tu sais bien que je la sors rarement. Elle ne s’abîme pas au garage, c’est mieux pour elle. On dirait qu’elle est neuve. Mais là, il a bien fallu que je la sorte. Pour gagner du temps, j’ai pris l’autoroute depuis Tarbes, en passant par Pau, Langon et Bordeaux. Le bitume est tout neuf, on croirait rouler sur un tapis. Quel pied ! J’ai même osé une petite pointe de vitesse : eh  oui, ma vieille, le pied au plancher, je suis montée à 80 kilomètres/heure ! C’était grisant. C’était la première fois que je faisais un excès de vitesse, heureusement, il n’y avait pas de radar. Et puis, j’ai eu beaucoup de succès en route. Rends toi compte : tous les poids lourds,  qui se suivaient à la queue leu leu et qui me doublaient, me klaxonnaient et me faisaient des appels de phare. Ca doit leur plaire les femmes un peu casse-cou.

         Après Bordeaux, j’ai fait une petite halte sur la nationale 10, au niveau de Barbezieux, sur une aire de repos. Tu verrais les toilettes, ce n’est plus du tout comme avant. Les WC à la turque, aux relents d’ammoniaque, c’est bel et bien fini. Maintenant, tout est en inox, et automatique, même la chasse d’eau. Tu as intérêt à ne pas traîner parce que tu risques de te recevoir une sacrée douche dans le derrière… Ca a bien failli m’arriver : la porte était coincée, il n’y a que mes chaussures qui ont pris un bain…

         Je suis enfin arrivée à destination en fin de journée. J’en avais ma claque et ma petite voiture aussi. Le moteur commençait à avoir chaud. En tous cas, je ne le ferai pas tous les jours.

         Ma sœur doit passer me chercher. Je te laisse pour l’instant.

         A bientôt et sois sage surtout…

         Bisous.


 

Claudine

    

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