Les Pipelettes (37)

Publié le par B. B. / J. S.

 

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Chère Arlette,

 

Au beau milieu d’un tas de factures et de prospectus, j’ai trouvé ta lettre. Cela m’a fait chaud au cœur de recevoir un vrai courrier, écrit de ta main potelée, et que j’ai ouvert avec impatience, mais en le dégustant lentement comme une friandise. Il n’y a pas à dire, mais nous sommes les Madame de Sévigné et Madame de Grignan des temps modernes.

            Tu sais, l’idée de participer à un circuit sportif, ce n’est pas pour me déplaire ! Il faudra y réfléchir sérieusement. Mais ce nouveau Paris Dakar, plus américain qu’africain, ne me tente pas vraiment. Je nous verrais mieux dans le rallye des gazelles…Nous serions plus à notre place parmi ces belles amazones qui domptent leur engin au milieu des dunes du désert marocain.

            En attendant de transpirer sous le soleil de l’Afrique, je dois affronter quelques aléas climatiques dignes d’un mois de mars. La maison, fermée depuis quelques jours, est froide. Malgré le thermostat du chauffage que j’ai remonté, l’humidité pénètre partout. Hier, j’ai décidé d’allumer la cuisinière à bois qui n’a plus servi depuis longtemps et qui a pourtant été pendant de longues années, le seul et unique chauffage de la maison. Quelques feuilles de journal, un peu de fagot bien sec, et des bûches de chêne et de hêtre qui traînaient dans la grange, ont vite fait l’affaire. Mais l’allumage a été plus dur que prévu. Rapidement, une épaisse fumée a envahi la pièce. Entre deux quintes de toux, j’ai actionné les clapets d’ouverture et de fermeture, mais rien n’y a fait. J’ai dû ouvrir toutes les fenêtres, et les voisins ont accouru, pensant qu’un incendie s’était déclaré. Un charmant monsieur a aussitôt proposé de m’aider. Il a démonté le tuyau et a ramoné la suie qui l’obstruait. Il n’y a pas à dire, mais un homme dans une maison, ça le fait. En deux coups de cuillères à pot, il m’a rallumé le feu et, très vite, une douce chaleur s’est répandue. Il n’a pas pu rester car son épouse l’attendait. Grrrr….

            Je me suis brûlée les doigts sur la plaque en fonte en enfournant de nouvelles bûches qui se sont mises à crépiter dans le foyer. Comme quand j’étais petite, je n’ai pas pu résister au brûlant plaisir de me chauffer les pieds sur la porte ouverte du four tiède. Une odeur de brûlé m’a réveillée : mes chaussettes avaient commencé à roussir.

            Et c’est, les yeux rougis par la fumée, les mains noires de suie, les doigts cramés, et les pieds douloureux, que je suis allée me coucher avec une bonne bouillotte. Il n’y a pas à dire, mais le chauffage au bois, c’est autre chose…

            J’espère que tu vas bien et que tu t’ennuies sans moi…

            Bisous.

 

 

Claudine

                                                                        

 

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