Les Pipelettes (9)
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A la foire exposition (9)
Claudine : - T’as vu ce lit ? Ca, c’est vraiment super : matelas alvéolé en mousse, sommier avec lattes articulées et une télécommande pour modifier l’inclinaison à sa guise tout en restant couché, le rêve…
Arlette : - Oui. Ca te changerait du plumard de ta grand-mère avec le matelas en pure laine, que tu ne peux même pas retourner toute seule parce qu’il pèse une tonne.
Claudine : - Le vendeur vient d’expliquer à une dame que d’une simple pression, tu peux lever le haut pour lire dans ton lit. Tu es comme dans un fauteuil.
Arlette : - Depuis quand tu t’es mise à lire ? A part ton programme télé, je n’ai jamais vu de bouquin chez toi.
Claudine : - Oui. Mais avec un lit comme celui-là, ça donne envie de s’y mettre. Il suffit de trouver un roman intéressant.
Arlette : - Je vais te prêter L’amant de Lady Chatterley. Avec ça, tu feras de beaux rêves, crois moi. Tu pourras oublier tes somnifères.
Claudine : - Et en plus, le matelas est très bon pour le dos.
Arlette : - Mais tu n’as pas de problèmes avec tes lombaires, à ce que je sache.
Claudine : - Regarde ! Tu peux aussi lever les lattes du bas. C’est bon pour les jambes et la circulation.
Arlette : - C’est sûr que pour tes varices, ça doit soulager.
Claudine : - En plus, tout le système est divisé en deux parties. Tu ne déranges pas ton conjoint. Chacun fait selon ses besoins.
Arlette : - Mais tu es seule. A moins que le prince charmant ne soit fourni avec l’ensemble ! Mais j’en doute fortement.
Claudine : - Un jour, mon prince viendra. J’en suis persuadée.
Arlette : - Son canasson doit être bien fatigué alors, parce que je trouve qu’il met du temps à arriver…
Arlette : - En attendant, je vais me décider à commander ce lit. C’est trop bien. Mais pourquoi tu éclates de rire ? Je suis sérieuse.
Claudine : - Oh, je n’en doute pas. Mais je suis en train de t’imaginer dans ce lit, le mécanisme coincé, le haut et le bas relevés à fond, et toi, prise en sandwich au milieu. T’aurais l’air fine.
Arlette : - Alors toi, pour décourager les gens, t’en connais un rayon.