Mon arrivée en France… (2/2)

Publié le par E. de P.

 

 

 

Témoignage précédent :              Mon arrivée en France… (1/2)

 

 

Mon arrivée en France…(suite)

 

 

Le lendemain matin, à 6 heures, nous avons pris le train pour Irun. Enfin nous avions atteint la frontière française. Mais je n’évaluais pas la distance qui nous séparait de ma destination, Lourdes. Les gémissements des enfants me rappelaient à une dure réalité. Où et quand ce périple se terminerait-il ? Quelles épreuves m’attendaient encore ?

 

          A la douane française, iil nous a été délivré un « récépissé » comme attestation de notre entrée sur le territoire, document que j’ai remis plus tard au commissariat de Lourdes.

 

          Fort heureusement, dans le train que j’ai pris à Irun et qui devait m’amener jusqu’à Lourdes, ma destination finale pour rejoindre mon mari, j’ai rencontré des Portugais émigrant vers l’Angleterre mais qui effectuaient au préalable un pèlerinage à Lourdes.

 

          Avec quel soulagement et quelle reconnaissance j’ai partagé leur casse-croûte fait de beignets de morue et de pain… J’ai enfin pu alimenter mon pauvre garçon épuisé de fatigue et de privations.

 

          Les villes défilaient tout au long du parcours. Je n’en connaissais aucune mais avec mes coreligionnaires j’étais sûre de ne pas manque l’arrêt à Lourdes.

 

C’est ce qui s’est produit. Nous étions arrivés !

 

J’avais laissé derrière moi tout mon passé. J’étais en terre étrangère mais cet exil était volontaire et il était plein de promesses.

 

Bien sûr, je ne parlais pas un mot de français mais la seule inscription que j’ai aperçue en sortant de la gare m’a rassuré. C’était le mot « TAXI », comme en portugais.Le chauffeur à qui je me suis adressée en montrant l’adresse de mon mari m’a signifié qu’il était inutile de m’y conduire vu la proximité, rue de Langelle, près de la poste. A quelques cent mètres de là ! Alors, dans un dernier effort nous avons descendu la chaussée Maransin qu’à l’époque je n’identifiais pas. A la poste, j’ai redemandé mon chemin quand j’ai aperçu la silhouette de mon conjoint devant la mercerie qui existait alors rue de Langelle.

 

Geronimo ne disposait que de maigres ressources. Il logeait dans une seule chambre où nous avons vécu quelques temps tous les quatre, les enfants couchant par terre… C’était souvent le sort des émigrés… Heureusement, ces conditions ont évolué car plus tard j’ai eu d’autres enfants, Françoise en 1970et Georges en 1972.

 

          La situation de mon mari s’est améliorée. Il a occupé un emploi de maçon et en 1973 j’ai trouvé moi-même un travail ce qui a changé notre existence.

 

          Ce périple dangereux, semé d’embûches et d’angoisse qui reste gravé dans ma mémoire ne m’a jamais fait regretter mon départ du Portugal que je n’oublie pas cependant car il reste ma terre natale.

 

          Mais aujourd’hui, comme mes enfants, je suis française et attachée à ce pays où je finirai mes jours et où j’ai passé la plus grande partie de ma vie.

 

 

 

 

 

Publié dans témoignages

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