« Ni haine, ni oubli » (21)

Publié le par A-M R / H. R.



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CARNET DE L’EVASION DE Jean J.

(Du 26 mai au 11 juin 1942) (suite - 2)



 

 

Le 26 mai à 11 heures descente rapide du train en marche, après regroupement et recherche des valises, hésitation sur la marche. Enfin départ à la recherche d’un bois pour passer la journée, s’orienter. On arrive à un bois à 4 heures du matin mais on ne sait pas où l’on se trouve, on se couche à terre sous la pluie, deux manteaux pour 4 hommes, 90 à 100 biscuits et 7 à 800 grammes de chocolat, un quart de sucre et voilà toute notre fortune, pas de montre, journée du 27 mai la plus longue de ma vie ; le soir à 11heures 2ème d épart en suivant la voie ferrée repérée en direction de l’ouest, on traverse de petites gares, toujours sans savoir ou on est, le matin arrive il faut se cacher car pendant que je regarde l’étiquette à un wagon un homme, déjà au jardin me regarde, on file face à l’Est pour gagner un bois, hélas pas de bois, on en est réduit à se mettre dans un pommier à demi arraché au milieu du champ, il fait beau, un se couche à terre sous les branches, 2 autres en haut, le quatrième dans un champ de seigle. Sur mon perchoir me déchausse, tort les chaussons et chaussettes que je fais sécher et chausse une autre paire sèche ; vers midi petite alerte, un homme vient chercher du bois à dix mètres mais ne nous voit pas, vers quatre heures un couple qui se promenait, passe sous le pommier, voit le copain, et en rigole. Chaude alerte pour nous, sitôt parti, nous partons tous au champ de seigle attendre la nuit qui enfin arrive et troisième départ toujours vers l’ouest ; les petites gares assez près et comme avec les brodequins on fait du pétard, on les quitte et marchons en chaussons ou chaussettes toute la nuit sur les traverses de la voie, marche très fatigante il faut faire les pas trop petits. Enfin la dernière gare au matin on se situe, et savons que nous sommes à 5km de Francfort, alors un bois est là à côté de la voie. On y va, c’est un parc pour promenades, n’empêche. On choisit un coin assez touffu et on se couche sous la pluie jusqu’à midi. Toute l’après-midi se passe à guetter les passants, heureusement aucun ne nous voit, et passent des soldats en chantant et même des prisonniers.

 

29-30 mai 1942

 

 Le soir la lune éclaire bien trop, on repart tout de même, en passant on mange quelques salades et rhubarbes avec du sel, on passe sous la gare des voyageurs, toujours en chaussons et arrivons à la gare de triage, on repère un wagon pour Cologne, on fait un peu de cache-cache avec les employés et enfin arrivons à nous installer, il part vers 4 heures du matin, et nous voilà en route. Après divers arrêts il arrive à Cologne vers 6 ou 7 heures.

 Il faut attendre la nuit pour descendre, ensuite on allait chercher un autre vers la Belgique ou la France.

 

(A suivre)


 

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