« Ni haine, ni oubli » (25)
(Du 26 mai au 11 juin 1942) (suite - 6)
6-7 juin
Enfin l’heure du départ approche ; je m’oriente car le bois a l’air assez vaste et bossu( ?) ; en route ; je laisse le manteau ; de sentier en charretière, je monte, descend et arrive à une route qui n’est pas orientée vers l’Ouest , continue à travers bois et trouve quelques maisons et la foret, toujours devant moi et noire ; à une clairière, me trompe, quitte le sentier et tombe dans un cul de sac. Alors demi tour et reprend le sentier. En avant de moi j’entends des vaches beugler au pacage ; le patelin ne doit pas être loin ; et bientôt j’y arrive. Je remplis ma bouteille au ruisseau ; j’ai soif, je traverse le village et continue cette fois dans une bonne route. Je traverse une voie ferrée mais me paraît un peu trop orienté au sud ; je passe et bientôt suis dans un autre patelin ; deux routes devant moi : laquelle prendre ? M’arrête un instant et hésite. Enfin au hasard car je ne sais pas ou je suis, je repars lorsqu’un homme d’une fenêtre me parle un langage que je ne comprends pas, toujours sourd, en avant et encore un autre village, avec une usine qui travaille la nuit et est très éclairée. Qui vais-je trouver en passant devant ? Je réfléchis, si jamais j’allais trop loin vers la nouvelle frontière, décide de m’arrêter dans un petit bosquet qui est à coté et près des maisons ; je verrai demain ; me couche mais ne peux dormir ; j’ai froid.
Sitôt le soleil levé, me mets en bordure pour me réchauffer, ça va mieux. Au bout d’un moment, je cherche vers où je pourrais me diriger et surveille deux maisons qui sont tout près. Enfin, vers dix heures, me décide à aller demander où était la frontière(1) : très bien reçu mais parler impossible ; on ne se comprend pas ; juste arrive le frère du patron qui lui comprend : je suis à une heure environ de la frontière ; ce soir il m’accompagnera chez un passeur car aujourd’hui ils vont en voyage et me laissent seul à la grange, non sans avoir bien déjeuné : tartines beurre et saucisson. On me donne l’outillage pour me raser non sans besoin ainsi que lavé ; je l’ai fait une fois pendant la semaine. La patronne me porte encore trois tartines à la grange. Ils reviendront vers six heures du soir. J’attends.
(A suivre)