« Ni haine, ni oubli » (31)

Publié le par J. C.

 

 

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Notre doyen ou « Tonton » a fait  la résistance (2).


Te voilà donc, jeune adéen, plongé dans la vie toulousaine ?

 

C’est vrai. Assez vite après mon arrivée à Toulouse, et comme je le souhaitais, je me suis retrouvé en liaison avec un réseau de la résistance.

En tant qu’agent, je renseignais, j’avertissais des responsables du maquis, des juifs. Par exemple, des rafles ! La nuit nous diffusions dans les boîtes aux lettres des tracts, des journaux…

Dans le cadre du réseau Vira, j’ai été amené à participer à quelques « coups durs » avec un grand résistant : Achille Vadieu.

 

N’y a-t-il pas une rue de Toulouse qui porte son nom ?

 

Oui car il trouva la mort en 1944 (le 2 juin). Alors qu’il assurait en tant que responsable la surveillance avec sa traction d’une opération, place du Capitole, des membres de la Gestapo cachés sous les arcades près de miliciens, le reconnurent. La voiture des deux résistants (il était accompagné par un policier du réseau Morhange) fut aussitôt mitraillée et pourchassée dans les rues de Toulouse. Leur traction dérapa à un carrefour. A peine sorti, Achille Vadieu  fut tué par une rafale de mitraillette et son compagnon grièvement blessé. Nous le savions : toutes nos actions étaient dangereuses, comportaient ce risque.

 

As-tu eu toi aussi la peur de ta vie ?

 

La chance m’a souri. Souvent, j’avais agi aux côtés d’Achille. J’aurais pu être avec lui ce soir là mais quelque temps auparavant, j’avais reçu l’ordre de rejoindre le maquis.

 

Effectivement ! Du maquis tu dois avoir quelques souvenirs bien particuliers ?

 

Naturellement car nous avons été souvent poursuivis par des membres de la Gestapo (mêmes voitures : tractions avant noires). Il fallait ne pas se laisser prendre : s’en sortir pour ne pas y laisser « la peau » car sinon après des tortures la mort était certaine. Nous avons  organisé des sabotages, fait sauté des rails de chemin de fer pour entraver la marche de convois exceptionnels…

Après un parachutage, nous avons été attaqué par les allemands. Le combat fut sévère au lieu dit : Le hameau de Naples : trois morts dans nos rangs, plus de vingt du côté des allemands.

 

Et la vie au quotidien devait y être difficile ? Et le ravitaillement ?

 

Nous étions dans des abris de fortune et nous changions assez fréquemment d’endroit.

En ce qui concerne le ravitaillement, les fermiers jouaient le jeu. Ils nous vendaient facilement de la viande. C’est vrai qu’on leur payait un peu plus cher.

 

Nous te remercions et sincèrement sommes admiratifs. Si jeune, il fallait savoir s’engager. Dans ce contexte, en aurions-nous fait autant ? Qui peut le dire, oser l’affirmer ?

 

Propos recuillis

(Fin)


Publié dans historiques

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