« Ni haine, ni oubli » (34)

Publié le par J. C.

 

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La semaine dernière, à travers le pays a été commémoré l’appel du 18 juin 1940. Dans quel contexte avait-il été lancé par le Général de Gaulle ?

 

Le 18 juin et le régime de Vichy

1940

  • 14juin 1940 : les Allemands entrent dans Paris.
  • 17 juin 1940 : le maréchal Pétain forme un gouvernement et demande les conditions de l'armistice.
  • 18 juin 1940 : appel du Général de Gaulle
  • 22 juin 1940 : signature de la convention d'armistice franco-allemande à Rethondes.
  • 10juillet 1940 : vote par les parlementaires de la Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 qui donne les pleins pouvoirs constituants à Pétain, président du Conseil.
  • 11 juillet 1940 : promulgation des actes constitutionnels fondant l'« État français ».
  • 12 juillet 1940 : Pierre Laval vice-président du Conseil.
  • 3 octobre 1940 : statut des juifs en conseil des ministres (Journal officiel du 18 octobre).
  • 24 octobre 1940 : rencontre Hitler-Pétain à Montoire.
  • 30 octobre 1940 : discours de Pétain appelant à la collaboration.
« Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur » proclame le 17 juin 1640 le maréchal Pétain, nouveau président du Conseil, qui vient de demander à l’Allemagne nazie les conditions d'un armistice. Dans son message aux Français du  25 juin 1940, le jour même de l’armistice, il annonce un « ordre nouveau » qui commence. « C'est à un redressement intellectuel et moral que d'abord, je vous convie », ajoute-t-il.

  La devise républicaine «Liberté, Egalité, Fraternité » est remplacée le 15 septembre 1940 par le slogan « Travail, Famille, Patrie » qui s'avérera réactionnaire dans ses modalités d'application. La personnalisation du régime, étroitement associé à Philippe Pétain, se retrouve dans l'emploi de la francisque : symbole du chef de l'État à titre personnel, elle est utilisée comme emblème du régime lui-même sur les documents officiels.

 Les fondements idéologiques de cet « ordre nouveau » sont précisés dans le discours du 11 octobre 1940 :

« Le désastre n’est, en réalité, que le reflet, sur le plan militaire, des faiblesses et des tares de l’ancien régime politique […] Jamais, dans l’histoire de la France, l’État n’a été plus asservi qu’au cours des vingt dernières années […] par des coalitions d’intérêts économiques et par des équipes politiques ou syndicales, prétendant fallacieusement représenter la classe ouvrière. Il faut aujourd’hui reconstruire la France […] On ne saurait davantage y découvrir les traits […] d’une revanche des événements de 1936 […] L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser, dans la défaite, la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »

« Le régime nouveau sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l’idée fausse de l’égalité naturelle des hommes, mais sur l’idée nécessaire de l’égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ». Seuls le travail et le talent redeviendront le fondement de la hiérarchie française. Aucun préjugé défavorable n’atteindra un Français du fait de ses origines sociales, à la seule condition qu’il s’intègre dans la France nouvelle et qu’il lui apporte un concours sans réserve. On ne peut faire disparaître la lutte des classes, fatale à la nation, qu’en faisant disparaître les causes qui ont formé ces classes et les ont dressées les unes contre les autres. Ainsi renaîtront les élites véritables que le régime passé a mis des années à détruire et qui constitueront les cadres nécessaires au développement du bien-être et de la dignité de tous. »

 En 1940, l'immense majorité des Français reconnaissent l'homme providentiel dans ce « beau vieillard » de 84 ans, auréolé dans son prestige de vainqueur de Verdun, qui sera l'objet d'une grande vénération entretenue par des institutions comme la Légion française des combattants, créée le 29 août 1940. Cependant, en dépit des déclarations conciliantes du maréchal repoussant toute idée de revanche, ses plus ardents soutiens de la droite cléricale, conservatrice, antidreyfusarde et parfois réactionnaire ne s'y trompent pas en savourant le départ de ceux qu'ils honnissaient.

 

Publié dans historiques

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