Nouvelle : Branle-bas au palais (4)
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Un… deux… trois mois…
Et politiquement règne toujours le statut quo. Ce qui signifie que rien fondamentalement ne transparaît, ne bouge, ne change !
L’ensemble des médias dans une harmonie touchante s’en donne à cœur joie d’informer le bon petit peuple et d’amuser la galerie avec des nouvelles, des informations sans doute sensationnelles mais qui dans un autre ordre de valeurs ne feraient absolument pas la une des journaux. En somme, une épaisse chape de plomb recouvre la réalité comme un manteau neigeux estompe les reliefs d’un terrain campagnard !
« C’est incroyable ! Incompréhensible ! Inimaginable ! Qui pourrait le croire ? En ce début de vingt et unième siècle ! Siècle de haute technologie ! Siècle de l’information mondialisée ! Oui, comment cela peut se révéler possible ? Cas unique ? Cas d’école ? Sûrement pas. A l’heure de la concentration des pouvoirs et malgré Internet, que de silences ! Enormes ! Assourdissants ! Et pourtant certaines informations d’importance, capitales, ne devraient-elles pas aussi faire « la une » des journaux, des écrans… LCD ou non ? Et Monsieur, le pauvre, est-il mort, cliniquement mort ou le maintient-on abusivement entubé… pour rien, sans respect, simplement au profit de quelques arrivistes du palais ? Je n’en dors plus. Je culpabilise… Que dois-je faire ? Je ne pourrai plus longtemps me taire. Ne dois-je pas enfin m’armer d’un tout petit brin de courage pour dénoncer cette ignominie ? » s’interroge toute seule mademoiselle P.
Sans liens depuis des semaines avec les abonnés absents du palais, seule, après bien des hésitations, des tergiversations, elle décide :
primo, d’aller chercher elle-même des nouvelles de son ami président ;
deuxio, de révéler ensuite s’il le faut, au grand jour et avec éclat, toute la réalité.
D’un pas bien décidé traduisant assurément sa ferme résolution, mademoiselle P. arrive au palais par l’issue réservée à ceux qui veulent y venir dans la plus grande discrétion. C’est pour elle une fois encore le cas bien que l’objet de sa visite, les raisons en soient cette fois-ci totalement différentes.
Sans hésitation aucune et surtout sans avoir à un quelconque moment à montrer patte blanche, elle parvient, comme toute personne locataire temporaire de cette résidence particulière, devant le bureau privé présidentiel. Aussitôt en mémoire lui reviennent les derniers instants, sublimes et inoubliables, qu’elle y a vécu avec l’élégant, le séduisant hôte de ces lieux. Oui, quelle classe ! Et même au lit ! Un homme, quoi ! Un vrai ! Sous tous ses angles !
Sans trop s’attarder sur ces réflexions personnelles, la voilà, déjà, frappant avec un calme olympien à la porte du bureau du chef de cabinet.
« Entrez ! » autorise une voix dont mademoiselle P. reconnaît même à travers la porte molletonnée le timbre.
(A suivre...)