Nouvelle : Un amour… sans bornes (5)
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Nouvelle : Un amour… sans bornes
5
Le séjour à l’hôpital d’Odilon se prolongea. Et pour cause ! Un cancer déjà en partie généralisé étant, finalement, la cause de tous les maux !
C’est, en premier, Flora qui l’apprit de la bouche du cancérologue. A vrai dire, sans en parler à quiconque, elle le craignait au vu de l’état de santé de son ami ; ses douleurs physiques devenant insupportables et difficiles à atténuer, encore moins à calmer même momentanément. Mais, dès le lendemain et avant qu’elle n’ait déterminé comment elle pourrait lui annoncer, devant l’insistance, fort compréhensible, avec laquelle Odilon désirait connaître la vérité, toute la vérité sur ce dont il souffrait, Flora, avec une force intérieure démesurée que lui insufflait sans nul doute l’amour, lui apprit, le plus naturellement du monde, la nature de son mal avec la belle et époustouflante franchise qui caractérise la totale harmonie de deux êtres, la parfaite concordance de deux cœurs, la grande sérénité d’un bonheur inaltérable quoiqu’il arrive. Dès lors, liés comme jamais par un pacte absolu, comme un embryon à sa mère par le cordon ombilical, le couple décida de se battre, ensemble, pour la vie.
Et leur combat commun, effectivement, fut digne, exemplaire !
La première chimiothérapie terminée, ils regagnèrent leur appartement justement pour vivre pleinement à deux tout le temps qui s’offrait à eux.
Là, avec la même énergie qu’ils se transmettaient mutuellement, avec le même désir de profiter au maximum de tous ces vrais et merveilleux moments de répit, ils surprenaient leurs amis, leurs familles. Mus conjointement par une force irrésistible comme peut l’être celle d’un puissant tsunami, ils se mouvaient maintenant tant bien que mal dans leur nouveau monde. Un monde, par nécessité, uniquement axé autour de la maladie, des soins, des visites médicales ou paramédicales…
Mais, progressivement, irrémédiablement, de par l’évolution du mal, la réalité devenait plus lourde, plus pénible, plus angoissante, plus inquiétante…
D’ailleurs, pour se consacrer complètement, jour et nuit, à son compagnon, Flora avait depuis quelque temps déjà décidé d’arrêter provisoirement ses dernières études et stages. Les priorités, toujours, s’imposent ! Nous n’y échappons pas !
Constatons, l’occasion nous en étant donnée, que même dans notre société qui développe surtout l’égoïsme des individus, l’altruisme, l’abnégation demeurent, pour certains, la ligne de conduite à suivre. N’est-ce pas tout simplement formidable ! Et quelle qu’en soit la motivation première !
Parfois, le quotidien se charge étrangement, par des aléas inattendus, de pimenter ou plus exactement d’alourdir les difficultés matérielles déjà existantes. Ainsi, lors d’un nouveau départ vers l’hôpital, c’est l’escalier très étroit que durent emprunter, non sans mal, les infirmiers avec Odilon sur un fauteuil, l’ascenseur étant toujours non réparé malgré plusieurs coups de téléphone passés la veille. Que faire dans ces cas là devant une inertie aussi révoltante ?
Heureusement, par sa force de caractère et sa pugnacité engendrées par une vitale confiance en l’avenir, Flora, chaque fois, dépassait allègrement les moindres péripéties comme elle franchissait résolument tous les obstacles et même les plus redoutables !
Dans ce contexte bien particulier, entre eux, germa tranquillement l’idée du mariage. Jusqu’alors, comme beaucoup, ils ne l’avaient que rarement évoquée. N’avaient-ils pas le temps, tout le temps d’officialiser leur union ? Ils la vivaient ! N’était-ce pas là le principal ? Sans aucun doute.
Qui avait remis la question à l’ordre du jour ? Qui en souhaitait une nouvelle approche ? Peut-être, tout simplement, était-ce le résultat de leur grande complicité, de leur tacite serment ? A vrai dire, l’essentiel n’était pas là ! Avec une belle et heureuse détermination, ils envisageaient, maintenant, et dans des circonstances peu communes, de se donner mutuellement la preuve d’amour la plus sincère, la plus emblématique qu’il soit aux yeux des intéressés comme à ceux d’autrui.
(A suivre)