Nouvelle : Un amour… sans bornes (6)
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Nouvelle : Un amour… sans bornes
6
Ainsi quelques jours après cette décision qui prenait, il faut le reconnaître, dans ce contexte une signification inhabituelle, extraordinaire, inimaginable, le faire-part traditionnel, rédigé avec beaucoup de passion, pas mal de recherche et de créativité, en précisa la date aux deux familles, aux amis proches.
La maladie, toujours présente, toujours plus tenace, ne pouvait qu’inciter les deux futurs époux à agir maintenant au plus vite. Inconsciemment, espéraient-ils que les souffrances, avec cette perspective en tête et à atteindre, se feraient quelque peu oubliées ?
Mais non ! Malgré les préparatifs en vue de ce grand jour, il fallait vivre, au jour le jour, en luttant communément pour garder un minimum de confort, de dignité, d’espérance… Et, incroyable mais vrai, Odilon et Flora y parvenaient. L’un et l’autre ! Tous les deux, ils sidéraient, stupéfiaient leurs proches ! Comment, dès lors, ne pas prendre modèle, ne pas se montrer aussi fort, courageux, héroïque que les intéressés eux-mêmes ? Et face à l’attitude étonnante, remarquable, admirable, incomparable du malade et de sa compagne, qui pouvait se permettre un moment de faiblesse, d’abattement, de découragement et surtout le leur montrer, leur laisser voir ?
Ainsi, le jour attendu approchait…à grands pas.
La future mariée avait déjà sa jolie robe. Le futur époux, lui aussi, pour ne pas être en reste, s’était fait coudre sur mesure un costume qu’il avait eut, au pied de son lit médicalisé, toutes les peines du monde à essayer. Quant au menu du mariage, il avait été commandé à un traiteur du quartier afin qu’il soit livré dans l’appartement.
Le mariage eut, en effet, lieu, comme convenu, dans la salle à manger du trois pièces. Il ne pouvait pas en être autrement vu l’état du futur marié !
Juste à l’heure prévue de la cérémonie, Odilon, au prix d’un effort surhumain et avec l’aide enthousiaste de sa future femme, réussit à se présenter, debout, devant tous les invités qui, émus comme jamais, les gorges nouées, attendaient, non sans appréhension, ce moment si particulier.
Sans tarder, l’élue, accompagnée de l’officier de l’état civil de la commune, maria, avec beaucoup de compréhension, d’humanité, de décence les jeunes gens. A cet instant précis, tout le monde fut frappé par l’immense joie qui rayonnait et se lisait sur leurs deux visages. Alors, immédiatement, fusèrent les félicitations et les embrassades suivirent !
Bientôt, aussi, tous les invités levèrent le verre en l’honneur des mariés. Puis le repas commença rapidement afin que le marié puisse y participer, y goûter un tant soit peu. Mais, bien que visiblement très heureux selon ses propres paroles, épuisé, il regagna assez vite, soutenu par sa femme et sa sœur, son lit. C’est là, qu’un peu plus tard, un verre de champagne à la main, il offrit, sous les yeux de tous les convives, tous ses inexprimables remerciements à Flora. Beaucoup ne purent contenir leurs larmes.
Dans la nuit, la nuit de noce, sa femme à ses côtés, main dans la main, il s’endormit à jamais, paisiblement, silencieusement, sereinement… dans une vraie félicité.
Non, jamais, au grand jamais, Flora n’avait imaginé, rêvé d’un tel mariage !
(FIN)