Regards philosophiques (108)
Article précédent : Regards philosophiques (107)
Thème :
« A quoi sert la philosophie ? »
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Débat (suite) :
► Le poème de Florence :
A quoi sert la
philosophie
(Acrostiche)
La philosophie est un lit
Où j’aime à m’attarder, parfois j’y fais des rêves
Des idées agitées sans trêves
Loin, bien loin d’un discours carré, préétabli
Percuteur à idée, étincelle et silex
Hérésie pour certains, et tous les poings se lèvent
Inaudible chaos et cliquetis des glaives
Les complexes étouffés, l’adversaire à l’index
On mouche nos pensées dans les raisons kleenex
Servies pour l’occasion, que c’est dur la synthèse !
On se sort du contexte, ouvrir la parenthèse
Pour dorloter les maux de l’âme c’est un réflexe
Heureux qui philosophe, il dort sur la comète
Il habite un nuage et voyage dans sa tête
Et les idées subtiles, font sa joie infantile
Que dites-vous ?… C’est inutile ?… Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès !
Non ! Non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile !
► A un certain moment de l’histoire, la philosophie a perdu de son intérêt, parce que la religion répondait à toutes les questions, même à celle de la mort. Dans une certaine mesure, la religion nous avait enlevé une part de liberté. Il vous arrivait un malheur et c’était Dieu qui l’avait voulu. Donc, je pense que la philosophie nous a libérés, en nous aidant à réfléchir et à chercher par nous-mêmes des réponses.
►C’est bien cela le réveil de la philosophie après des siècles d’obscurantisme : « Prenez garde que personne ne vous pipe par la philosophie et ses vaines séductions, en suivant la tradition des hommes…, et non du Christ. » (Saint-Augustin. Confessions. Livre 3, § 4). Puis, sont venus les philosophes des Lumières et l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, qui voulaient que cela aide à lutter contre l’ignorance, à hâter de rendre la philosophie populaire, à libérer la pensée, tout ce qui nous permet aujourd’hui, dans le respect de nos croyances, de débattre, d’échanger, en toute liberté.
► Dans ses propos, ses écrits, Diderot est une source inépuisable de joie, d’étonnement, de liberté.
► La philosophie m’est utile, parce qu’elle participe à mon enrichissement culturel, d’où du plaisir. Elle est vectrice d’échanges, de rencontres. Ensuite, cela peut montrer une manière de vivre plus sereine, en prenant le recul nécessaire. Sa pratique nous oblige à chercher à connaître l’histoire de la philosophie, puisqu’elle est le résultat de tout ce qui depuis des siècles a été écrit. Elle nous étonne par les voies qu’elle nous offre. C’est une porte grande ouverte sur le sens des choses, des évènements, des êtres. Elle peut tout aussi bien être l’objet de passion, comme de mépris. Les rencontres qu’elle m’a permis de faire à ce jour me remplissent de satisfaction et d’étonnement. Je ne soupçonnais pas toutes ces richesses.
► Nous pouvons faire vivre la philosophie au plus près des réalités, avec ceux qui vivent la cité, ceux qui
chaque jour prennent le train, le métro, qui vont à la crèche, qui vont « au boulot ». Qui, si ce n’est ceux qui affrontent au quotidien les difficultés de la vie, seraient
les interlocuteurs les mieux placés pour nous parler de philosophie sans être dans une autre époque ? De fait, philosopher sans ceux qui font la cité, serait-ce encore philosopher ?
On peut la rendre des plus utiles par le plus grand partage, en la faisant « descendre de l’Olympe ».
(Extrait d’une contribution de notre Café-philo aux ateliers Philo
cité pour les Journées mondiales de la philosophie à l’Unesco, novembre 2010, sur le thème « Philosopher dans la cité ».)
► La philosophie peut être ressentie par certaines personnes comme « un gonflage d’égo ». Je suis tombée récemment sur cette phrase de Jean Yanne : « La philosophie, ce n’est souvent que le snobisme du bon sens. »
extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.