Regards philosophiques (117)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

 

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Thème :

  « A quoi sert le savoir ? » 

 


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  Débat :

  

 

On a beaucoup parlé des savoirs particuliers, mais, pour ce qui est de la folie de savoir, nous avons une illustration avec ce texte de Blandine Kriegel, dans l’ouvrage déjà cité A quoi sert le savoir ? : « Si vous voulez le savoir, le savoir ne sert à rien d’autre qu’à le vouloir. A rien d’autre qu’à lui-même, car le savoir n’est pas une utilité, un moyen, un outil, un médium. Il n’est même pas une fonction, il est une fin. Une fin ? Oui, une faim d’ogre inextinguible, une soif qu’on ne peut étancher, une conduite, un processus qui se renouvelle par soi et qui s’accomplit en se développant. Le savoir n’est pas intransitif, il est le savoir de quelque chose, mais il n’est pas le savoir au service d’autre chose ». Cela nous ramène à la phrase de Montaigne déjà citée : « La peste de l’homme, c’est l’opinion de savoir. »


Il y a un moment où la valeur du mot « savoir » oscille entre poison dangereux pour l’humanité et celle d’une libération, d’un possible progrès pour la recherche. Antonin Arthaud nous dit que le savoir a été enfermé, que le catholicisme a fermé la porte au savoir comme le bouddhisme l’avait fait avant, « Ils ont volontairement et sciemment fermé la porte en disant qu’on n’avait pas besoin de savoir. Or, j’estime que nous avons besoin de savoir, et nous n’avons besoin que de savoir. »


Nous n’avons pas tous la même opinion de la qualité du savoir. Qu’est-ce que c’est que « le » savoir ? On a notre opinion sur les savoirs, mais pas sur l’ensemble des savoirs. Nous avons vu le lien entre savoir et pouvoir, et quels sont ceux qui choisissent entre savoir et avoir. Le savoir est gratifiant pour celui qui cherche, étudie, qui travaille. Alors, le savoir lui appartient, on ne pourra pas le lui reprendre.


A partir de mon expérience, ce que sais depuis toujours, ce que j’ai retenu, toutes les formes de savoir acquises et conservées, je les dois à de bonnes initiations, à des transmetteurs convaincus, qui aimaient ce qu’ils transmettaient, qui ont su argumenter intelligemment. Pour acquérir du savoir, il faut des rencontres et aimer ce que l’on apprend (et ce que l’on transmet).


Donc, pour moi, le savoir est lié à l’intelligence de celui qui transmet, à intelligence de celui qui comprend et à l’amour partagé pour ce qui est échangé dans la transmission. D’où les différences, il y a encore quelques années, entre les universités et les grandes écoles, et entre le savoir théorique et le savoir appliqué, qui peut-être objectivé et source de profit.


 Il faut aimer pour apprendre. Aimer ce que l’on fait et ne pas obéir à une injonction d’un supérieur. Savoir est différent d’obéir.


On sait des choses sur des savoirs différents, mais pas sur l’ensemble du savoir. Le savoir universel n’est pas accessible. Le savoir appartient à celui qui l’a appris.


Une ultime intervention, (presque une conclusion) :

En dehors du savoir étalé pour se faire valoir, je dirai que le savoir me rend heureuse, parce que c’est toujours un enrichissement qui me permet d’améliorer la communication avec les autres et d’améliorer le partage.


Bibliographie :
- A quoi sert le savoir ?Œuvre collective. PUF. 2011.

- Enquête sur les modes d’existence. Une anthropologie des modernes. Bruno Latour. La Découverte. 2012.

- La … sottise ? (Vingt-huit siècles qu’on en parle). Lucien Jerphagnon. Albin Michel. 2010.

- De la passion de l’être à la « folie » de savoir. Maud Mannoni. Dénoël. 1988.
- Le tabouret de Piotr. Jean Kéhayan. Seuil. 1982.

Quelques livres recommandés :

- Du domaine des murmures. Carole Martinez. Gallimard. 2011. Roman se situant dans l’époque médiévale. (Se trouve à la médiathèque de Chevilly-Larue.)

- La  ballade de Lila K. Blandine Le Callet. Stock. 2010. Roman psychologie et fiction.
(Se trouve à la médiathèque de Chevilly-Larue.)

- Diplomatie en kimono. Fréderic Lenormand. Fayard. 2009. Roman, et policier à la fois, satire de l’empire Tang au 7ème siècle par les Japonais (Ne se trouve pas à la médiathèque de Chevilly-Larue. Il s’y trouve par contre 3 livres de cet auteur sur le même sujet dans la série Les nouvelles enquêtes du juge Ti.)

- Montaigne. Stephan Zweig. PUF. Réédition 2012. Biographie essai sur Montaigne. De lecture très agréable. (Ne se trouve pas à la médiathèque de Chevilly-Larue.) 

 


    
(FIN DU THEME)

 

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

Publié dans culturels

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