Regards philosophiques (12)
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« Culture pour tous, au-delà des apparences ? » (3)
La culture peut être un moyen libérateur, un moyen de sortir de sa condition sociale défavorisée. On voit apparaître dans les écoles, les universités un certain nombre d’élèves extrêmement motivés pour apprendre, afin de sortir de leur milieu social difficile ou pauvre.
Pendant des siècles, la culture n’était pas pour les femmes. Les filles n’allaient pas à l’école, ou très peu ; on pensait qu’elles n’en avaient pas besoin.
Le livre « L’élégance du hérisson » de Muriel Barbery (publié par Gallimard en 2006), qui est à la base de ce film, est beaucoup plus riche en développements philosophiques, évidemment difficilement intégrables dans un film, mais l’essentiel a été conservé ou transposé. La concierge Renée fait tout pour que l’image qu’elle donne d’elle-même corresponde à l’image sociale cliché d’une gardienne. Sa passion pointue pour l’écrit et pour le cinéma, c’est son secret ; c’est un peu : « Pour vivre heureux vivons cachés ». Pour elle, la culture doit être discrète, pas étalée. C’est grâce à cet étranger qui ne respecte pas les codes des autres habitants de l’immeuble qu’elle comprend que la culture peut être un partage, que ce n’est pas qu’un jardin secret, que ça peut s’enrichir du contact des autres.
Est-ce qu’il y aurait une « haute culture » et une culture inférieure ? On a évoqué pour l’instant un seul pôle culturel, « l’écrit ». Si l’on est uniquement musicologue, est-ce qu’on a de la culture ? Ou bien, est-ce qu’« avoir de la culture » nécessite plus de connaissances générales ?
La culture qui attire n’est pas forcement celle qui est destinée à devenir la référence culturelle la mieux partagée. Cela peut être très simple, chacun se fait son petit trésor culturel. C’est peut-être un peintre dont on ne parle pas, peut-être des romans qui n’ont pas de prix littéraire, peut-être des musiques ou chansons qui nous plaisent à nous, qui nous parlent à nous, parce qu’on y retrouve nos racines, ce qui quelque part nous a construit. La culture n’est pas une route obligée. La culture qui se voudrait « la culture de l’époque » est à l’opposé de la culture qui n’est que multiforme. C’est une réaction citoyenne de refuser tout diktat culturel. Nul ne doit se sentir exclu de la culture. Toute parcelle de savoir est parcelle de pouvoir. La culture nous humanise, prépare à l’humanisme. Il n’y a pas si longtemps, les études, pour parfaire sa culture en secondaire, s’appelaient « faire ses humanités ».
Poème de Florence D. :
Culture pour tous, au-delà des apparences
Hérisson sous un tas de feuilles
J’ai hiberné avec passion
Voyons quelle était la question
Estomaquer les chèvrefeuilles
Si la culture est une mille-feuille
J’ai pu soumettre à la question
Les souvenirs et les passions
Qui dépassaient du portefeuille
La culture est une couverture
Qui tient bien chaud aux entournures
Hors de l’écrit point de salut
Les idées sont cristallisées
En petits diamants irisés
Homère ? Mais il n’a jamais lu !
(A suivre)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.