Regards philosophiques (26)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

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 Thème :    « Que nous enseigne la mer ? »

 

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Quelques traits historiques :

C’est en Méditerranée, il y a quelques 2 500 ans, dans l’archipel grec, que sont nés notre civilisation et notre monde politico-économique, par le juste équilibre entre proximité et éloignement des îles les unes par rapport aux autres, rendu possible par l’état technique de la navigation.

La mer a favorisé l’essor du microcosme grec où tous les enjeux humains ont pu, pour un temps, s’exprimer, se développer, s’opposer sans se détruire.

Dans cet univers, le navire était l’élément moteur, de l’échange, de la culture, mais aussi de l’effroi.

De ce passé, il nous reste une mythologie comme l’Odyssée.

 

Pour les Grecs, la mer était divine et peuplée d’êtres surnaturels : dieux, déesses, demi-dieux et monstres.

Les mythes et la divination fournissaient aux marins des explications aux traversées heureuses, aux intempéries, aux accidents, aux aléas de ce que l’on continue à appeler « la fortune de la mer ».

Poséidon et son trident, Amphitrite,  Triton, Thétis aux pieds d’argent (parce qu’elle court dans le brisant des grèves), les nymphes meurtrières, les sirènes, les danseuses néréides, grâce infinie des flots, se meuvent dans l’empire mystérieux de l’antique Ökeanos (océan, en grec).

 

Les peuples navigateurs : Des siècles avant les Européens, les Polynésiens, par excellence le peuple de la mer, reliaient et colonisaient les îles par des navigations transocéaniques de plusieurs milliers de miles.

Ils avaient trois types d’embarcations, toutes démontables : la petite et la grande pirogue à balancier creusée dans les arbres, le catamaran ou pirogue double, c’est à dire deux coques réunies par une plate-forme, sur laquelle était construit un roof ou un abri.

Pendant des siècles, ils vont parcourir et peupler presque toutes les îles du Pacifique, grâce à leur navigation intrépide et savante.

Des années d’observations du ciel, de la périodicité et de la régularité des vents et des courants, de l’orientation et des modifications de la houle, mémorisés, constituaient avec une cartographie de baguettes de bois et de coraux, comme les repères d’un récit, un savoir sacré détenu par quelques-uns.

La Polynésie est la langue la plus riche du monde en termes maritimes.

 

Les découvreurs : La pénurie des terres et les envahisseurs ont poussé sur mer les Vikings et les Maoris. Mais qui pousse Christophe Colomb ou Magellan nos héros familiers ? Ce n’est pas la mort qu’ils bravent ni même l’océan furieux, mais l’inconnu.

En 1895, Joshua Slocum, pionnier des navigateurs solitaires d’aujourd’hui, entame sur le Spray sa circumnavigation solitaire, qui durera 3 ans. Il sait que voyager seul en mer difficile, voire mortel, ce qui sera le cas lors d’une croisière solitaire où il disparaitra en 1909. Mais il peut imaginer ce qui risque de lui arriver, ce qu’il est susceptible de rencontrer.

Colomb et Magellan ne savent rien lorsqu’ils appareillent. Par cette ignorance acceptée, exaltée, ils nous subjuguent et nous échappent. L’Histoire les habite et les entraîne.

Francisco Serrão, un ami de Magellan, s’était installé dans une des îles des Moluques après un naufrage. Devenu grand vizir, il écrit à Magellan et lui suggère de le rejoindre en prenant la route de Christophe Colomb, étant donné la position extrême orientale des îles des épices. En Octobre 1517, Magellan arrive à Séville. Naturellement taciturne, il va jouer d’autant mieux, maintenant et plus tard face à ses officiers et à ses équipages, la certitude qui n’a pas besoin de se justifier : « Donnez-moi une flotte, il existe un passage », dit-il au Roi de Castille.  Le 20 Octobre 1520, il est devant le détroit qui porte désormais son nom. Le 7 Novembre 1520, il est de l’autre côté, il réunit ses capitaines : « Nous nous enfoncerons dans cet océan (qu’il va baptiser Pacifique), jusqu’à ses limites, dussions-nous manger le cuir de notre gréement ». On sait qu’il en fût ainsi.

 

 

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafephilo.over-blog.net/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 


 

 

Publié dans culturels

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