Regards philosophiques (36)
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Thème : « L'espérance, folle idée ou consolation ? »
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/ Quelques citations liées à l’espérance :
« Tu cesseras de craindre, si tu as cessé d’espérer » (Hecaton, cité par Sénèque. Lettre 5)
« Le réel quelquefois désaltère l’espérance. C’est pourquoi contre toute attente l’espérance survit » (René Char)
« Dites-moi où est l’espérance d’un homme qui arrive à soixante ans sans avoir encore autre chose que l’espérance ? » (Etienne de Senancour)
« Celui qui désire, espère et croit en lui-même, celui-là est heureux de voir l’autre espérer et croire » (Richard Wagner)
« Le drame réel et insoutenable est que la femme épouse l’homme en espérant qu’il va changer, et il ne change pas, alors que l’homme épouse la femme en espérant qu’elle ne changera pas, et elle change » (Jean Dion)
« L’amour, aussi bien que le feu, ne peut subsister sans un mouvement continuel, et il cesse de vivre dès qu’il cesse d’espérer ou de craindre » (François de la Rochefoucauld)
« Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un fou » (Albert Camus)
« Un jour tout sera bien, voilà notre espérance. Tout est bien aujourd’hui, voilà l’illusion » (Voltaire)
« L’espérance est le seul bien de ceux qui n’en ont pas » (Roger Bussy-Rabutin)
« Espérer, c’est démentir l’avenir » (Michel Cioran)
/ Est-ce qu’espoir et espérance sont inconscients? Est-ce que quelqu’un de résolument optimiste n’a pas besoin d’espoir et peut très bien agir sans exprimer un espoir ? Un sage n’a pas besoin d’espoir, il mène sa vie sans cela. Est-ce que pour entreprendre, avoir des projets il faut nécessairement avoir de l’espoir ? Si on parle du contraire, s’il n’y a pas d’espoir, ce n’est pas forcement désespoir ni désespérance, ça peut très bien être neutre. On peut très bien mener sa vie sans l’espoir. Dans les définitions de cette notion d’espérance, je retiens ces textes : « Sur le plan strictement philosophique, on retrouve une analyse de l’espérance chez Kant – pour qui elle constitue l’une des quatre raisons principales auxquelles le philosophe doit répondre – et chez Hume, Mill et Kierkegaard. Descartes, Hobbes, Leibnitz lui accordent peu d’attention. S’écartant d’une analyse de l’espérance humaine centrée sur la personne, certains philosophes modernes l’approchent plutôt sous l’angle du principe moteur de la perfectibilité de l’homme…» ou : « L’espérance humaine a été traitée comme une belle idée sans réalité concrète, une folie, une consolation, voire, le pire des maux - un cadeau empoisonné que les Dieux auraient infligé à l’homme » ou encore cet extrait de Mythologie grecque et romaine(Garnier 1960): « L’espérance, divinité allégorique était particulièrement révérée des Romains. Ils lui élevèrent plusieurs temples. Elle était, selon les poètes, sœur du sommeil qui suspend nos peines et la mort qui les finit. Pindare l’appelle la nourrice des vieillards. On la représente sous les traits d’une jeune nymphe, l’air empreint d’une grande sérénité, souriant avec grâce…Elle a pour emblème la couleur verte, la fraîche et abondante verdure étant un présage d’une belle récolte de grains… »
/ Il est des espérances rationnelles, il en est d’irrationnelles. Voltaire nous vante les premières : « Le trésor le plus précieux de l’homme est cette espérance qui nous adoucit nos chagrins et qui nous peint des plaisirs futurs dans la possession des plaisirs présents. Si les hommes étaient assez malheureux pour ne s’occuper que du présent, on ne sèmerait point, on ne bâtirait point, on ne pourvoirait à rien : on manquerait de tout au milieu de cette fausse jouissance ». (Voltaire. Lettres philosophiques n° 25. § XXII)
(FIN)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.