Regards philosophiques (42)
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Thème : « A-t-on raison d'avoir peur ? »
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/ La peur n’a rien à voir avec la raison. La peur comme la douleur est un signal d’alarme de la nature pour prévenir d’un danger ; ce qui entraîne : soit la fuite, soit la paralysie ; les deux réponses à un danger. Souvent la décharge d’adrénaline nous permet une réaction salutaire.
/ Le premières peurs sont venues des éléments, des dieux, et les hommes ont voulu les apprivoiser ; puis on a réuni tous les dieux en un seul qui cristallise toutes les peurs.
Il y a deux peurs possibles : ou la peur raisonnée, ou la peur panique. Il y a des peurs nécessaires où la raison nous dit d’avoir peur. Il faut être courageux sans être téméraire.
Et il y a cette peur qui est le trac, le trac de l’artiste, du comédien. Les bons en général ont le trac, même s’il cède dès qu’ils sont sur scène.
/ Nous avons tour à tour, voire parfois simultanément : peur pour notre emploi, peur pour notre écosystème, peur dans notre quartier, peur dans des relations amoureuses, peur de grossir, peur de vieillir, peur pour notre pouvoir d’achat, peur pour nos retraites ; certaines peuvent aussi devenir ou moyen de pression, de dictats, ou des business. Les philosophes ont peu, voire même pas du tout parlé de la peur, c’est que ce n’est pas là un sentiment noble, et pourtant nul n’est exempt d’avoir peur. Dans une société où les rapports de force sont souvent présent, il ne faut surtout pas montrer sa peur, se serait montrer sa faiblesse, et de là se mettre en danger, car ce monde n’est pas toujours animé des meilleurs intentions et il a parfois besoin de victimes. Des victimes pour que ceux qui affichent ne pas avoir peur puissent conjurer ainsi leurs peurs. La peur est dans notre part animale, c’est une réaction animale, mais l’animal n’a peur qu’en face d’un danger, alors que nous nous projetons des peurs, c’est aussi le prix de notre humanité, parce que nous avons l’imagination, encore cette « folle du logis » qui échafaude des situations, et nous nous faisons nous-mêmes peur par de fausses peurs, jusqu’à avoir peur d’avoir peur, ou développer des peurs et tomber dans le traumatisme des peurs : la paranoïa. Les peurs de l’intellect sont souvent de fausses peurs, à moins que nous aimions avoir peur. Et souvent ces peurs imaginées nous gâchent la vie ; celui qui pense trop à la mort, qui n’a pas médité les sages conseils d’Epicure aura vécu cent morts avant de mourir, ou avant d’en mourir.
De tout temps la peur a été un moyen de soumettre. Soumettre les enfants, soumettre des peuples, moyen d’assujettissement, ou de manipulation des plus naïfs. Les hommes ont souvent été gouvernés par la peur : sous de rois, des tyrans, des empereurs, des dictateurs, jusqu’à des régimes théocratiques, comme en Iran aujourd’hui, ou il y a peu un régime autoritaire, librement choisi par un peuple, devenir un régime de peur : le nazisme. Toutes ces peurs il a fallu les affronter, les vaincre, ce fut du sang des Révolutions pour que les peuples ne vivent plus sous le régime de la peur. L’homme du XXI ème siècle est évolué en ce sens, où il domine mieux ses peurs, qu’elles soient d’ordre physiques ou métaphysiques, en ayant démasqué et rejeté bien de fausses raisons d’avoir peur.
/ Certaines peurs sont liées à la timidité, au trac : Ces peurs sont individuelles et peuvent mettre l’individu dans des situations délicates et le faire passer pour ce qu’il n’est pas (mal poli, prétentieux, méprisant ....). « Le courage est le complément de la peur. Un homme sans peur ne peut être courageux ». (Robert Heinlein).
Qu’est ce qui peut engendrer la peur, l’inquiétude, l’angoisse ? : - Les annonces d’attentats, les déclarations de guerre, les explosions nucléaires, les séismes violents - Les crises économiques, politiques qui déstabilisent le cours « normal » de la vie et entravent les projets - Le chômage - La rapidité de l’information (via Internet) qui, en abolissant les notions de distance, d’espace et de temps laisse croire au danger immédiat, proche, et diminue ainsi la place nécessaire à l’analyse et à la réflexion - Le fanatisme de certains religieux et leurs exigences de vie en particulier pour les femmes (burqa, polygamie....) - La multiplication de catastrophes écologiques - Le manque de connaissance (ou l’ignorance totale) sur un sujet donné - Le manque de confiance en soi ou dans les autres.... - L’inconnu, et ses risques éventuels…
(A suivre)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.