Regards philosophiques (44)
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Thème : « Est-il sage d'avoir confiance ? »
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Introduction : Pour paraphraser la célèbre phrase de Martin Luther-King, « I have a dream ! » (Je fais un rêve!), j’ai rêvé d'un univers « Bisounours », où nous étions dans un monde où l’on pouvait avoir une confiance totale dans tous les autres. Mais, comme vous tous, j’ai vécu des expériences. Je sais que l’homme est parfois « un loup pour l’homme », ce qui n’exclut pas la femme, et que ces loups savent abuser les pauvres moutons, les agneaux naïfs, les crédules au bord du ruisseau de la fable. Nous ne sommes pas dans un concept abstrait. Nous avons tous vécu des situations où la confiance fut un point essentiel. Après toutes ces années, nos expériences, nous pouvons dire, soutenir, que la confiance est le fruit de l’expérience.
Je ne suis plus l’enfant qui est totalement confiant ; d’ailleurs, ce dernier n’a pas le choix. Je suis bien au-delà de l’adolescent qui découvrait souvent le fossé entre la parole et l’action. Puis, j’ai entendu les expressions : « Chat échaudé craint l’eau froide », « J’ai payé pour apprendre », « Il a endormi ma confiance », etc., ainsi que la moralité de la fable de La Fontaine « Le renard et le corbeau » : « Mon bon Monsieur, / Apprenez que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute. » Malgré tout cela, je suis naturellement enclin à faire confiance, mais pas avec « la foi du charbonnier », car la méfiance a été aussi un principe pour survivre en entier, alors, avec l’expérience.
Je n’ai pas confiance dans les gens qui regardent leurs chaussures quand ils vous parlent.
Je n’ai pas trop confiance dans les gens qui ont la poignée de main qui n’est pas franche.
Je n’ai pas trop confiance dans les gens qui ont une confiance excessive en eux, ce qu’on nomme aussi l’aplomb !
Je n’ai pas trop confiance dans les gens qui utilisent un langage flou, ambigu, sibyllin ou des périphrases creuses, car je sais qu’« on prend les bêtes par les cornes et les hommes par la parole » (proverbe auvergnat).
Je n’ai pas trop confiance dans les gens qui me disent trop souvent : « Faites-moi confiance ! »
Je n’ai pas une absolue confiance en moi, car je suis faillible, donc, il se peut fort que vous soyez faillibles.
La confiance, cette certitude qui peut être temporaire ou éphémère, est une tête de Janus, une monnaie à deux faces, confiance et méfiance. « Confiance et défiance sont également la ruine de l’homme », disait Hésiode. Ne pas faire confiance aux autres, ne juger tous les hommes qu’à partir des défauts de quelques-uns, mène directement à la misanthropie : c’est Alceste. Celui qui est enclin à la confiance dans les autres, dans la vie, dans son devenir, c’est l’optimiste. Nous nous rappelons le héros du conte de Voltaire, Candide, qui pensait être dans « le meilleur des mondes possibles » ; lequel Candide, après toutes ses péripéties, avait grandement perdu la confiance; il avait choisi son domaine de confiance, son jardin. La confiance reste, on l’évoquera sûrement, une forme de foi. Si, pour certains, elle n’est pas liée au divin, elle reste foi en soi, comme foi dans les autres ; elle reste essentiellement un don à l’autre, un principe de notre humanité.
Le plus grand moment de confiance que nous puissions connaître, c’est lorsque nous sommes très amoureux ; nous sommes prêts à une confiance totale, confiance dans l’avenir, confiance dans l’autre, confiance aveugle, aveuglée : «Car l’on croit toujours / Aux doux mots d’amour, / Quand ils sont dits avec les yeux / [...] / Un serment n’est qu’un leurre / J’étais folle de croire au bonheur / [...] » (extraits de Mon amant de Saint Jean, chanson de 1942 du parolier Léon Agel et du compositeur Emile Carrera). Pour redescendre sur terre, il y a un contre-point, comme disait Josette Bernier : « La confiance, d’accord, mais c’est quand même ce qui fait les cocus ! ».
(A suivre)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.