Regards philosophiques (45)
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Thème : « Est-il sage d'avoir confiance ? »
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Débat :
/ C’est parfois la défiance qui fait les cocus. A force de soupçon, ça peut provoquer la situation.
/ Ce serait quand même un monde invivable, si on n’avait pas confiance en un minimum de personnes. On ne pourrait pas avoir d’amis. Dans la famille, on se méfierait les uns des autres. Cela doit être horrible quelqu’un qui n’a aucune confiance ; cette personne est seule.
/ La confiance peut être mesurée, pas toujours donnée à cent pour cent. Mais si l’on ne faisait pas un petit peu confiance, ce monde ne pourrait pas avancer. C’est la confiance avec de l’espoir qui fait marcher ce monde. Mais en politique parfois on fait confiance, puis, après, il y a des déceptions.
/ Pour répondre à une question, l’expression « avoir une foi de charbonnier », nous vient de Fleury de Bellinger (XVIIème siècle) à partir d’un conte :
Le diable un jour demanda à un malheureux charbonnier : - Que crois-tu ?
Le pauvre hère répondit :
- Toujours je crois ce que l’Eglise croit.
Le diable insista :
- Mais à quoi l’église croit-elle ?
L’homme répondit :
- Elle croit ce que je crois !
Le diable eut beau insister, il n’en tira guère plus et se retira confus devant l’entêtement du charbonnier. Dans la chanson « Le mécréant », Georges Brassens dit : « J’voudrais avoir la foi, la foi d’mon charbonnier, / Qui est heureux comme un pape et con comme un panier. » Mais là, c’est méchant pour ce pauvre charbonnier, bien obligé d’avoir confiance en quelque chose pour supporter sa dure condition.
/ Les hommes politiques nous font des promesses qu’on dit « électorales ». Divers hommes politiques ont dit : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » [reprise d’une citation d’Henri Queuille, Président du Conseil sous la 4ème République]. Ces propos très négatifs tuent la confiance dans le politique et nous amènent à une défiance et une abstention très forte.
/ Je voyais la question sous l’angle : « Est-il sage ? ». La sagesse et la prudence ont toujours été une approche philosophique, une façon d’appréhender l’existence. Donc, nous sommes devant la confiance dans l’existence, ce qui est justement un moyen d’atteindre une forme de sagesse.
/ Avoir confiance dans un auteur, c’est sentir, découvrir des atomes crochus et souhaiter le connaître encore plus. Avoir confiance n’est pas neutre, c’est choisir le plus important. C’est toujours, pour un auteur, celui qui nous parle au plus et au plus loin.
/ Si la confiance est le fruit de l’expérience, alors, oui, c’est de la sagesse. Ensuite, il y a notre nature, même avec nos paradoxes. Je fais, ou je ne fais pas confiance, et cela souvent sans même me poser la question.
/ Je fais confiance à beaucoup de gens, mes amis, ma famille, mon médecin, mes voisins. Je vis dans un îlot de confiance et c’est très bien. Par contre, avoir trop confiance dans l’avenir, c’est négatif. Parce que si tu t’attends au pire, tu te dis que le pire peut arriver, risque d’arriver, et tu te prépares à l’affronter. Si tu penses que c’est le meilleur qui va arriver, tu vas être cassé quand le pire arrivera. Je pense à quelqu’un qui attend le résultat d’un examen médical, il faut s’arrimer à la réalité pour affronter la vie.
/ J’ai entendu la question dans tous ces sens, confiance dans la vie, dans les autres, mais aussi confiance dans soi-même, dans ce qui nous entoure ou dans tout ce qui peut nous arriver. Lorsqu’on est dans une action, c’est rare qu’on y aille tête baissée; on a analysé les possibilités, les enjeux et il entre ensuite la part de confiance. Seul le résultat nous dira si nous avions raison d’avoir confiance. La confiance est donc une part optimiste qui donne une dynamique à l’action, mais avec toujours un minimum de connaissance de cause, sinon c’est de la naïveté ou de l’utopie. Quand on entend l’expression, « la confiance règne », ce n’est pas si sûr que cela !
(A suivre)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.