Regards philosophiques (51)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

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 Thème :    « La communication est-elle possible ? »

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 Débat :

·        La bonne communication demande un effort et les règles favorisent la communication. Ici, au café-philo, le fait de donner tour à tour la parole à chacun, de nommer un modérateur qui veille à cela, d’éviter de parler de nos croyances, tout cela facilite la communication et ceci malgré ce que nous dit Bernard  Werber : « Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même... »

 

·        Ceux qui n’ont rien à dire ne sont pas obligés de le faire savoir, pourrait-on dire. Il faut dans la communication que l'émetteur sache respecter le récepteur, et qu'il ait quelque chose à émettre. Il devrait y avoir une déontologie de la communication pour garantir les conditions de la communication, capter l’attention du récepteur, articuler ou garder la qualité de l’écrit ou de l’image. Il faut aussi lier la communication à la qualité de l’information ou d’une émission, d’un sentiment ou de connaissances que l'on veut transmettre.

Il est mieux d'essayer de rester simple et sur la même longueur d’onde que le récepteur et de pas parler pour soi et pour se faire plaisir, mais pour établir une relation d’échange avec l’autre. D'où l’importance du dialogue ; chacun étant émetteur et récepteur à son tour.

On n’a jamais tant parlé de communication : la « comm », « l’info ». Mais la communication se contente de scoops et d’informations lapidaires négligeant le débat d’idées et la réflexion analytique des choses. Les différents modes de communication évoluent au fil du temps : parents/enfants ; école primaire, collège, lycée, université ; vie professionnelle ; médias, journaux, télévision, portable, Internet… et dans le domaine de la culture : cinéma, télévision, théâtre, musées, conférences, débats, sorties...

Mais comment communiquer sur des connaissances intellectuelles : en philosophie,  histoire, spiritualité, amour et sexualité. On manque parfois d’interlocuteurs pour communiquer sur certains sujets.

Il y a aussi une difficulté de la communication par la parole quand les mots manquent pour exprimer ce que l'on ressent, ce que l'on voit.

La communication se fait d'un émetteur à un récepteur, mais pas en face à face. Elle passe par un méta-niveau,  un miroir commun ou un tiers exclu, qui permet la communication, pour ce qui concerne la compréhension, le sens, l’esprit ; c’est une émission réfléchie par ce point extérieur à la relation émetteur/récepteur en face à face qui est toujours en pointillés.

 

·        Souvent en philosophie, on va, dans une question, aller voir l’étymologie du mot-clé de la phrase. Et là, une fois de plus, que d’ajouts de sens, entre l’origine latine de communicare,  « être en rapport avec, transmettre », et le verbe « communiquer » aujourd’hui. Bien sûr, il n’y avait pas alors, ni le télégraphe, ni la télévision, ni la radio, ni Google et le téléphone portable. Aujourd’hui, le sens le plus courant de communication part du schéma « émetteur » et « récepteur », d’un message qui peut être codé en fonction de catégories sociales, intellectuelles, et nous évoquerons bien sûr ces moyens de communication modernes prenant de plus de plus  une place importante. On communique de partout sur tous les modes, dans tous les domaines ; on est soumis à une hyper-communication, depuis l’enfance jusqu’aux loisirs, au travail, dans la rue…C’est la communication de masse jusqu’à l’overdose, comme ces entrées de ville de province, où le paysage disparaît derrière une forêt de panneaux publicitaires. C’est parfois une communication à sens unique, où il y a seulement un émetteur ; le retour est analysé comme on analyse les réactions de rats en laboratoire ; c’est l’étude du comportement qui définit les futurs messages que l’on va vous adresser.

La communication peut-être spontanée, chaleureuse, franche, sans autre intention que le partage, comme ici au café-philo. On n’y vient pas pour convaincre les autres, défendre une idéologie, une croyance, ni pour y faire du prosélytisme. Le premier souci de la communication dans ces débats et d’exprimer au mieux sa pensée, c'est-à-dire, comment transmettre ce que soi-même on comprend bien dans sa tête. C’est aussi un exercice de la conceptualisation d’une idée, un échange, où, contrairement aux moyens de communication des médias, on n’est pas uniquement récepteur. Il s'agit de renouer avec des traditions anciennes, de redonner du sens et, pour répondre à la question initiale, de prouver que bien sûr on peut encore communiquer et réhabiliter d’une certaine façon, par l’échange et le partage, ce terme de « communication ».

La communication est comme un chemin ou comme un pont établi entre les individus. Si des personnes font une mauvaise utilisation de ce pont, ce n’est pas le pont qu’il faut accuser, ou alors, c’est faire comme les personnes qui fustigent Internet, les réseaux sociaux, comme Face-book, ou Twitter. Rappelons-nous, il n’y pas si longtemps, les imprécations déjà contre le Minitel. Ce qui est paradoxal, c’est que le plus souvent les critiques viennent des gens qui ne connaissent pas ces moyens de communication. Autrement dit, le  réseau Internet n'est, une fois de plus, que le reflet de notre société, avec le pire et le meilleur. Néanmoins, il reste, si l’on est véritablement désireux d’en faire bon usage, un outil de communication d’une très grande utilité, qui n’exclut pas tout autre moyen de communication. 

 

 


             

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafephilo.over-blog.net/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 


Publié dans culturels

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