Regards philosophiques (69)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

 

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Thème :

« Peut-on dire,

quand on veut on peut ?» 

  

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  Introduction:

Pour débuter cette introduction, je demanderai à tous les participants : quels sont ceux de vous qui ont une Rolex ?
Apparemment personne. Alors, pour ceux qui ont passé la cinquantaine, vous avez raté votre vie, vous n’avez pas eu de volonté, car le publiciste Ségala nous l’a dit: « Si a 50 ans t’as pas une Rolex, t’as raté ta vie ! ».
Philosophiquement, le vouloir nous intéresse au premier chef ; ce vouloir qui est l’aiguillon qui nous pousse vers la réalisation de nos désirs. Mais nous savons que le « vouloir » ne suffit pas toujours. « Je voudrais bien, mais j’peux point », disait la chanson. De plus, pris au pied de la lettre, l’expression « quand on veut, on peut » signifierait que la pauvreté est un manque de volonté, cela se traduit par : pas de Rolex, pas de yacht, pas de propriété sur la côte… Si on pouvait tout ce qu’on veut, on cesserait bientôt de vouloir et « les oies voleraient toutes rôties ». Malgré tout notre vouloir, nous savons que la réalisation de nos désirs, nos projets, sont soumis à des contingences, et c’est se raconter des histoires que de dire comme nous l’assénait il y a quelque année un ex- Président de la République: « Quand on veut, on peut » ; même si l’on ne doute pas  que « le pouvoir » aide beaucoup le vouloir.
Quand je joue au loto, soyez assurés que je veux gagner, et pourtant ! Lorsqu’il s’est élancé de la falaise vers la mer, Icare voulait réellement voler comme les oiseaux. Le malade peut vouloir guérir ; c’est un atout primordial pour guérir, mais ce n’est pas tout ; vouloir et pouvoir dans ce cas montrent  les limites. Nous ne voulons pas vieillir et au final cette volonté se brise sur le rocher des réalités.

Par ailleurs, avec le « je veux », l’enfant découvre sa puissance, puis très vite, les limites. Ces limites sont aussi un élément nécessaire à notre construction. Ainsi, nous apprenons la modestie, nous apprenons à mesurer, nous découvrons qu’il peut exister, qu’il doit exister une mise en garde des débordements de nos vouloirs. Être heureux, disait le philosophe anglais Hobbes, « c’est obtenir ce que je veux, toujours », « et quant au bon ou mauvais, il n’appartient qu’à moi d’en décider », « est bon ce que je veux » ; autrement dit : «Qui veut la  fin, veut les moyens ».
Celui-là voudrait tuer sa belle-mère, « il peut », et en même temps, « il ne peut pas » ! Je peux griller un feu rouge, et en même temps, je ne peux pas ; je ne peux ne pas ne pas vouloir être sanctionné ; autrement dit, le vouloir est conventionnel.

Ma volonté n’est pas libre,  elle est entravée. Cette contrainte de l’exercice de mon pouvoir que m’impose l’autre peut amener certains à utiliser des moyens qui répugnent à d’autres, à utiliser l’homme « en temps que moyen », voire, l’amener à souhaiter prendre le pouvoir sur les autres, voire arriver à être numéro un de quelque chose pour pouvoir, avec arrogance, dire à son tour : « Quand on veut, on peut ». Un autre Président de la République nous disait il y a cinq  ans, quand il était candidat : « Si je suis élu aucun SDF ne mourra dans la rue ». Comme dit le Proverbe espagnol : « Del dicho al hecho, hay un trecho ! » (Entre dire et faire, il y a une lieue !).


 

  

(A suivre)

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

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