Regards philosophiques (8)
Article précédent : Regards philosophiques (7)
« A-t-on encore la capacité de s’étonner ? » (3)
Les sciences vont si vite que nous n’avons plus le temps de nous étonner ; une technologie chasse l’autre. Par contre, ce qui continue à m’étonner, c’est le cerveau humain. Il y a des génies, comme peuvent l’être un « Molière », un « Shakespeare », qui vous émerveillent; puis, à côté, il y a des cerveaux bien construits qui vous empoisonnent la vie ; ce sont les étonnements négatifs, qui vous amènent la guerre ou ce sont les intégristes. Nous passons du merveilleux au maléfique.
« Celui qui ne peut plus trouver ni étonnement, ni surprise, est pour ainsi dire mort, ses yeux sont fermés » (Albert Einstein dans Comment je vois ce monde, publié en 1934). Je suis très bon public, et je m’étonne facilement. Et souvent je me pose la question, pourquoi est-ce que je m’étonne aussi facilement ? C’est certainement parce que j’ai beaucoup de choses à apprendre ; derrière l’étonnement, il y a la recherche d’autre chose. Les étonnements peuvent susciter en moi des émotions et des questionnements. Ce sera des émotions de différents types ; elles peuvent être étonnements positifs, jouissifs (ce qui me plaît), naïfs (devant une surprise, un magicien), constructifs (chercher le pourquoi et le comment) ou alors étonnements destructifs ou négatifs, c’est-à-dire ceux qui découlent du mensonge, de la trahison, quand on découvre qu’on a été berné et que cela détruit plein de choses auxquelles on croyait. Mais il se peut que ce ne soit pas totalement négatif, cela nous oblige à revoir certaines choses, à « remettre les pendules à l’heure » ! En fait, il nous faut protéger les aptitudes à s’étonner et ne pas banaliser l’étonnement. S’il y a des gens qui s’étonnent de tout, il faut se méfier malgré tout des étonnements qui pourraient masquer des situations mauvaises.
Quels peuvent être les obstacles à l’étonnement ? Couramment on évoque la vitesse de communication, la modernité. Quant au mot « capacité », nous évoquons là une aptitude ; ce n’est plus une réaction. «Sommes-nous capables de construire nos étonnements tout au cours de notre vie ? Savons-nous préserver cette ouverture ? » Beaucoup de choses pourraient tendre à détruire la capacité d’étonnement, alors il reste la solution de prendre l’expression « s’étonner » dans le sens de s’étonner soi-même, se surprendre. L’étonnement doit être une quête philosophique, au quotidien, quelque chose à cultiver, un fil conducteur productif, quelque chose qui va faire que nous gardons confiance dans la capacité à s’étonner.
Les sources d’étonnement ne sont pas
prêtes de s’éteindre, même si le sujet laissait entendre que le progrès nous accoutumerait. Mais ce qui m’étonne encore, c’est la grande incapacité aujourd’hui à prévoir le court terme ;
exemple : la crise financière que personne n’a vu venir. Autre étonnement, il y a une uniformisation de plus en plus grande sur l’ensemble de la planète (globalisation) ; cela crée
des comportements identiques qui peuvent créer des conséquences inattendues.
(A suivre)
extraits de restitution d'un débat du café-philo
http://cafephilo.over-blog.net/
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.