Regards philosophiques (82)
Article précédent : Regards philosophiques (81)
Thème :
« En quoi, et jusqu’où l’avenir
me concerne t- il ? »
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Introduction :
► Si la question utilise le « je », c’est qu’elle sous-entend que chacun doit se la poser à soi-même, et il est toujours risqué de parler pour « on », « on » étant tout le monde et n’importe qui, somme toute un anonyme non responsable. A part les jeunes enfants et certaines personnes âgées, nous sommes tous concernés. A partir de là, plusieurs possibilités :
1°) Je peux prendre conscience de ma part de responsabilité, même infime, dans ce que sera ce monde demain, et vouloir agir, prendre ma part de responsabilité pour l’avenir.
2°) Je peux aussi me dire que face à la brièveté de la vie, d’un terme qui n’est pas si loin, je vais rater l’essentiel, oublier de vivre en me mettant des contraintes, et que je laisse
ce soin aux autres ; et puis, « après moi, le déluge ! ». Autrement dit, je ne laisse pas le futur contaminer le présent.
De fait, comment avoir un regard vers demain, se sentir responsable, alors que l’on n’a pas de fonction politique au sens large, pour agir ? Comment quelques-uns pourraient-ils œuvrer efficacement pour sauver l’essentiel de ce qui fait « le bien vivre ensemble », et participer à l’évolution du progrès social, ceci quand un grande partie, une majorité peut-être, ne semble pas s’en soucier ? N’est-ce pas un peu « se battre contre des moulins » ? Mais la question qui reste face à moi, est : Suis-je un naïf ? Suis-je un lâche ? Suis-je un inconscient ?
Les enjeux pour l’avenir me paraissent être, en premier lieu, l’environnement, car si nous détruisons notre biosphère, alors les autres questions disparaissent ; celles-ci, dans un ordre
que chacun peut modifier, reclasser, seraient : l’éradication de la faim dans le monde, l’accès à l’eau pour tous, le risque nucléaire, le modèle social et la protection sociale,
l’enseignement, la culture, la condition féminine dans le monde, le respect des droits de l’homme : liberté de pensée, politique, religieuse, philosophique…
Dans un champ si vaste, où pouvons-nous situer notre action, notre engagement, si, bien sûr, nous pensons que l’avenir nous concerne.
On en revient à la question initiale et à la nécessité d’en débattre.
Face aux deux hypothèses initiales, je me sens plus concerné par l’avenir, que non concerné. Ce qui m’oblige, au-delà de me poser la question, de me sentir responsable, de me sentir
solidaire des générations à venir. C’est aussi la prise de conscience de tout ce qui a été fait par ceux qui nous ont précédés. Mais, peut-on objecter à cela, chaque génération a vécu avec
comme seul objectif son époque. Ce serait oublier tous ceux qui ont pris des risques, donné leur vie pour l’humanité, (même si aujourd’hui cette expression peut paraître grandiloquente).
Je ne peux pas faire l’autruche, car « je sais », « nous savons », que notre planète Terre est en grand danger, que notre civilisation occidentale chancelle sur ses bases, que nos modèles sociaux virent à « la peau de chagrin ».
Alors, puisqu’il faut bien répondre individuellement à la question; ce que je tente de faire, c’est faire plus que « m’indigner », c’est « m’engager » : « Seule l’action dévoile notre conception de vie, et dans ces domaines cités, toute réflexion qui ne mène pas à l’action est vaine ». C’est donc m’engager politiquement à partir de convictions partagées avec d’autres, m’engager et apporter mon aide, mon soutien aux actions visant à l’éducation populaire, m’engager dans la vie associative et culturelle. Reste qu’au-delà de tout cela, qu’ai-je fait pour la planète ? Bien sûr, je pense à ne pas laisser couler trop d’eau en me lavant les dents, je roule tranquille, « je consomme moins, je pollue moins », j’évite les pesticides sur les plantes, je fais le tri sélectif … Mais tout cela n’arrive pas à me donner bonne conscience. Je garde en mémoire la phrase de Bachelard : « L’avenir, ce n’est pas ce qui va arriver, c’est ce que nous allons faire. »
extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.