Regards philosophiques (83)
Article précédent : Regards philosophiques (82)
Thème :
« En quoi, et jusqu’où l’avenir
me concerne t- il ? »
2
Débat :
► Je ne me sens responsable de rien du tout. Ce n’est pas ma faute si les femmes sont battues, violées, mais je me sens concernée. Qu’est-ce que je peux faire seule en tant qu’individu. Je peux être vigilante, mais au-delà ? Je peux, on peut, mais à plusieurs, et pour ça il faut déjà aller voter. Il suffit parfois de très peu de gens pour changer les choses. Nous avons vu sous l’Occupation les Résistants, une minorité agissante, œuvrer pour l’avenir d’un pays. Aujourd’hui, des gens se battent pour la liberté, comme en Syrie, ils donnent leur vie tous les jours.
► « Le monde est devant vous, et vous n’êtes pas tenu de le prendre ou de le laisser tel qu’il était quand vous y êtes entrés. » (James Baldwin)
► Concerner est un verbe transitif du premier groupe, « qui a rapport à », « qui touche » ; ce verbe venant du latin a supplanté le verbe de l’ancien français « chaloir », être concerné par.
► Dans un débat récent sur « Faut-il sortir du nucléaire ? », deux personnes partageaient l’avis suivant : « Je ne pense pas qu’un référendum sur le nucléaire soit une bonne idée, le peuple n’est pas assez avisé pour traiter une telle question ; le sujet est trop technique, il faut laisser cela aux experts. » Cela me semble un peu botter en touche et refuser de prendre sa part de responsabilité envers les générations futures. On sait que les centrales datent pour beaucoup des années 1980, on sait qu’elles ont une durée de vie de 30 à 50 ans suivant les avis. Et puis, ajoutait une des deux personnes, voyant mes cheveux grisonnants : « Vous, vous n’êtes pas directement concerné, je ne vois pas pourquoi vous vous préoccupez de ça [...] ; il appartient à chaque génération de régler les problèmes qu’elle rencontre. Aux générations à venir de décider. » J’ai du mal à être d’accord avec ces propos, car je sais que nos choix d’aujourd’hui vont déterminer le monde de demain : « Le présent est gros de l’avenir. » (Leibniz)
►« Le présent accouche, dit-on, de l’avenir », nous dit Voltaire. C’est-à-dire que si l’on ne se préoccupe pas du présent, l’avenir sera n’importe quoi. Donc, je me pose la question du présent, de ce moment éphémère. L’avenir a des orientations différentes, il est avenir personnel, avenir collectif, d’une société, du monde. De plus, il a des échéances immédiates, c’est-à-dire demain, et à plus long terme, le futur. Quoi qu’il en soit, il nous concerne, car il détermine demain. Se préoccuper de l’avenir, c’est faire preuve de responsabilité et de respect envers les générations futures. C’est également se sentir intégré dans cette société en égard à tous les liens qu’elle développe, lesquels sont économiques, religieux, politiques, culturels…
Dans son livre Les avenirs, Hafid Aggoune nous dit : « Le passé prend racine dans l’avenir. » On voit bien que passé, présent, avenir, forment une ronde sans fin, la chaîne des générations.
►L’irrespect de l’autre au présent, correspond à ne pas respecter les autres au futur. Ne pas construire pour les autres au futur ne peut venir que d’hommes qui ne respectent pas les autres au présent.
►Peut-être que les personnes qui n’ont pas de famille, pas de descendance pensent beaucoup moins à l’avenir. Quand on a des enfants, on est inquiets pour eux, on se demande s’ils auront encore, par exemple, une couverture sociale, et on essaie d’agir. Il en va de même pour l’avenir culturel qui se transmet ; c’est là aussi la ronde des générations déjà citée ; il y a le lien au passé ; on ne peut construire un avenir culturel sans connaître les classiques.
extraits de restitution d'un débat du café-philo
avec lequel je garde un lien privilégié
en tant qu'un des artisans de sa création.