Regards philosophiques (88)

Publié le par J. C.

 

 

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Thème :

  « Tolérance et laxisme sont-ils opposés, ou sont-ils opposables ? » 

  

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Introduction  :
 

 

Tout doit être toléré dans tous les domaines de la société (religion, politique, modes de vie..) sous réserve du respect de l’individu, quel qu’il soit, et de celui des lois de la République. Tolérance vient du latin tolerare (supporter). C’est un principe de moralité lié au respect élémentaire des libertés d’autrui. Au sens moral, c’est la vertu qui porte à accepter ce qu’on n’accepterait pas spontanément, surtout lorsque cela va à l’encontre de nos propres convictions.


Tolérer, c’est renoncer à une part de son pouvoir, de sa force, au sens où on surmonte son propre intérêt. C’est accepter, sans faire preuve de condescendance, que d’autres puissent avoir des opinions différentes des nôtres. La tolérance, c’est aussi la vertu qui porte à se montrer vigilant tant envers l’intolérance, qu’envers l’intolérable. Il est intéressant de noter que l’antonyme de « tolérance », qui est « intolérance », est né en 1295, soit 60 ans avant le terme positif de tolérance, né en 1355.


Selon John Locke (philosophe anglais), la tolérance signifie : « Cesser de combattre ce que l’on ne peut changer » (Lettre sur la tolérance, 1689). Selon certains moralistes, la notion de tolérance est associée à la notion absolue de bien et de mal, précisant qu’elle peut conduire à une abstention volontaire dans le combat contre le mal, au motif pleinement conscient que combattre ce mal peut engendrer un mal plus grave encore. La philosophie de la tolérance reconnaît le principe d’égalité de tous, sans distinction de race, de religion ou de pays. Son objectif est de remplacer des rapports de force par des relations de dialogues, tout en essayant de comprendre et de respecter le point de vue d’autrui. Conséquemment, on imagine aisément ce qui peut résulter d’une tolérance excessive (non contrôlée) qui ferait basculer le « positif » vers le « négatif ». En effet, même si l’éducation est considérée comme un vecteur de tolérance, tolérer ne signifie pas tout accepter.


Définition de « laxisme » : C’est un système de pensée qui nie ou limite les interdits. C’est un nom commun dérivé du verbe latin laxare, (détendre, relâcher, désunir), dont sont issus en français : « relax » ou « laxatif ». Employé avec le suffixe « isme », c’est une indulgence excessive, une tolérance exagérée. C’est aussi un laisser-aller, un manque de rigueur. L’excès d’indulgence, donc le laxisme, affaiblit l’autorité.


L’histoire nous apprend que la tolérance est une valeur qui a dû s’affirmer contre l’intolérance.  En 1598, l’Edit de Nantes proposé par Henri IV est un bel exemple de tolérance, et pourtant il n’est pas totalement un édit de tolérance. Il ne l’est pas au sens actuel du terme, car la religion catholique est la religion dominante. Il y a bien liberté de conscience, mais pas égalité dans la liberté du culte. Les protestants doivent toujours payer la dîme et chômer les jours fériés catholiques. De plus, certaines chambres judiciaires sont réservées pour le jugement des protestants. L’Edit de Nantes a été révoqué par louis XIV en 1685.


En 1763, Voltaire écrit le «Traité sur la tolérance » à l’occasion de la condamnation à mort de Jean Callas (chef d’une famille de religion protestante accusé d’avoir  assassiné un des ses fils qui voulait se convertir au catholicisme). Avec cet ouvrage, Voltaire décrit jusqu’où peut mener l’intolérance, en soulignant qu’une accusation, sans preuves irréfutables, portée essentiellement par la haine peut entraîner la destruction d’une famille, avec son drame et son déshonneur, et en démontrant également que « ne pas tolérer » l’existence simultanée d’opinions diverses peut provoquer l’annihilation d’une religion ou d’un concept de vie.


En 1787, l’Édit de Versailles appelé « Édit de tolérance » a vu le jour en faveur des protestants, mais il contient encore des restrictions importantes sur la vie sociale, juridique, ainsi que sur le plan religieux.


Au XVIIIème siècle, sous l’effet de la philosophie des Lumières, les mentalités évoluent vers plus de tolérance. Par leur engagement contre les oppressions religieuses, morales et politiques, les membres de ce mouvement œuvrent pour un progrès du monde combattant l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la superstition des siècles passés.


Ce n’est qu’en 1791 que la liberté totale du culte a été enfin donnée à chacun.

 

 

(A SUIVRE

 

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

Publié dans culturels

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