Regards philosophiques (91)

Publié le par G-L. P. / J. C.

 

 

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Thème :

  « Tolérance et laxisme sont-ils opposés

ou sont-ils opposables ? » 

  

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Débat :

   

 

► Une amie du Café-philo, Geneviève Doriat, qui ne peut pas être présente ce soir, a envoyé un message où elle nous dit : « Peut-on vraiment mettre en parallèle tolérance et laxisme ? La tolérance a des limites ; par exemple, on ne pouvait pas tolérer le nazisme, même en essayant de penser à Voltaire. Elle a un cadre […]. C’est une qualité individuelle et collective. Le laxisme me paraît plutôt comme une faiblesse d’esprit, un trait de caractère qui laisse aller, une paresse aussi. C’est une affaire d’individu, mais qui peut devenir un fait de société aussi. Dans le sens de cette extension, on peut établir un parallèle. C’est justement les limites qui sont difficiles à établir et qui peuvent conduire à aller de l’un vers l’autre.  [...] »


► On vient d’évoquer tolérance et nazisme. Pour les nazis, dans leur raisonnement, dans leur logique, il y avait un tas de choses parfaitement tolérables, parce que pour eux, nécessaires. Chaque système a ses tolérances, ses intolérances.


► Le laxisme, pour moi, n’est que faiblesse. Je ne l’oppose même pas à la tolérance. On ne peut pas tolérer certains crimes. On a le droit et on doit  s’opposer de toutes nos forces  aux génocides, aux actes de pédophilie, à tous les actes de cruauté insupportables pour un être humain. Ce n’est pas parce que l’on comprend, que l’on peut expliquer le pourquoi, que l’on peut tolérer, ou alors c’est du laxisme.


► Comme beaucoup, je dénonce des formes d’islamisme, le terrorisme, la burqa. On est dans un pays laïc, qui est tolérant envers  toutes les religions et les protège. Est-ce qu’on doit accepter qu’une femme soit prisonnière d’une coutume, d’une religion ? Tolérer peut être du laxisme. Quand je croise une femme cachée par ses voiles, ça me gêne ; pas pour moi, mais pour elle, pour toutes les femmes. J’ai le sentiment qu’on lui a enlevé sa liberté, ses choix…


► Diderot nous disait : « Il n’y a pas un musulman qui n’imaginât faire une action agréable à Dieu et au saint Prophète, en exterminant tous les chrétiens, qui, de leur côté ne sont guère plus tolérants » (Entretiens avec la Maréchale de ***. 1776).
Cette séparation par la religion et les intolérances qui en découlent continue. Elle continue parce que l’humain ne domine pas la pensée, car il n’arrive pas à dépasser l’inhabituel  pour lui.


► Si l’on reprend l’image évoquée des « trois petits singes » du bouddhisme, elle  symbolise la tolérance, et aussi le premier pas vers l’équanimité (flegme, égalité d’humeur, sérénité, philosophie). La tolérance est un exercice à pratiquer sur soi-même. On ne peut être tolérant que lorsqu’il y a choix. On ne peut parler de tolérance envers ce qui vous est imposé. Quant à laisser dire ou penser ce que l’autre veut dire ou penser, cela peut être de l’indifférence, ou « Cela m’est égal ! ». La tolérance, c’est aussi : écouter, entendre une approche différente, et l’éducation permet d’entendre l’autre façon de penser.

 

  

(A SUIVRE)

 

 

Avec l'aimable autorisation des animateurs, 

extraits de restitution d'un débat du café-philo

http://cafes-philo.org/

avec lequel je garde un lien privilégié

en tant qu'un des artisans de sa création.


 

 

Publié dans culturels

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